Soigner, oui. Être assigné, non

Liberté d’installation : un principe en danger

La liberté d’installation des médecins libéraux est un pilier fondamental de l’exercice médical en France. Elle permet aux praticiens de choisir leur lieu d’exercice en fonction de leur projet professionnel, de leur vie personnelle et des besoins qu’ils identifient sur le terrain.

Pourtant, cette liberté est aujourd’hui menacée. La proposition de loi portée par Guillaume Garot, votée le mercredi 2 avril 2025 à l’Assemblée nationale, entend conditionner l’installation des médecins à des critères démographiques, sous prétexte de lutte contre les déserts médicaux. Derrière l’intention affichée d’une meilleure répartition des professionnels de santé, c’est une logique coercitive qui s’installe.

En instaurant un conventionnement sélectif, la loi Garot introduit une régulation autoritaire, éloignée des réalités du terrain. Elle risque de décourager encore davantage l’installation en libéral, déjà en net recul, et de pousser les jeunes médecins vers le salariat ou l’exercice à l’étranger.

Il ne faut pas se tromper de diagnostic : si certaines zones peinent à attirer des médecins, ce n’est pas par caprice. Les conditions d’exercice y sont souvent dégradées : absence de structures de soins, isolement professionnel, surcharge administrative, manque de services publics, précarité sociale… et parfois même insécurité. Les violences verbales et physiques à l’encontre des soignants deviennent une réalité trop fréquente et profondément dissuasive.

Il est par ailleurs essentiel de rappeler que M. Garot, bien qu’investi sur les questions de santé, n’est ni médecin ni issu du terrain médical. Ancien ministre délégué à l’Agroalimentaire, il semble transposer à la médecine une logique de gestion centralisée, comme on piloterait une filière économique. Mais la santé n’est ni une marchandise ni un secteur standardisé. Elle nécessite une compréhension fine, humaine et empathique de ce que vivent les praticiens au quotidien.

Plutôt que de contraindre, il faut inciter. Une politique ambitieuse d’aménagement du territoire, de soutien actif à l’exercice libéral, de sécurisation des professionnels et de valorisation des conditions de travail serait bien plus pertinente.

La coercition n’est pas une solution durable. Défendons la liberté d’installation, gage de souplesse, d’adaptabilité et de respect du libre choix des soignants comme des patients.
Ce qu’il faut, ce sont des mesures incitatives – pas des menaces ni des blocages. On n’installe pas durablement un médecin par la force.