Faut-il accepter les chiffres de la CNAMTS ?
Pour la troisième fois la Rémunération sur Objectifs de Santé Publique (ROSP) est versée cette année.
Au-delà des débats de fond : faut-il accepter ou refuser la ROSP ? les objectifs sont-ils médicalement pertinents ? un autre problème se pose : la CNAMTS décide seule si et combien chaque médecin peut toucher, d’une façon très opaque et difficilement contrôlable, donc contestable.
Il y a quand même un certain nombre de points sur lesquels on peut se pencher, sans forcément perdre un temps tel que ce ne soit pas rentable.
{La patientèle Médecin Traitant}
C’est le point le plus facile à contester : la CNAMTS se base sur son relevé « officiel » de patients vous ayant choisi comme MT et vous balance sur EspacePro un nombre sorti du néant comme les Tables de la Loi remises à Moïse.
Pour les médecins traitants, la patientèle prise en compte pour le calcul des indicateurs est la patientèle médecin traitant (MT) de l’ensemble des régimes d’assurance maladie à la date de mise en œuvre du dispositif. Elle est réévaluée chaque année à date anniversaire du début du dispositif. Dans l’attente de la mise à disposition du calcul des indicateurs sur l’ensemble des régimes d’assurance maladie obligatoire, les indicateurs sont calculés sur la patientèle du régime général.
Il est donc admis que la CNAMTS, pour des raisons techniques, ne compte que ses patients. Cependant en théorie les patients de tous les régimes doivent être pris en compte.
Quant à la définition des diabétiques, s’il est bien précisé pour le décompte des HbA1c «Nombre de patients traités par antidiabétiques», pour les résultats des HbA1c ou des LDL-Cholestérol il est juste marqué «Nombre de patients MT diabétiques de type 2».
Vous pouvez donc légitimement réclamer que soient comptabilisés au moins les patients en ALD pour diabète, même s’ils sont équilibrés par le régime seul.
Ces modalités peuvent vous permettre de repasser au-dessus du seuil de 10 diabétiques, et donc de ne plus neutraliser les items correspondants.
{Le cas des nouveaux installés}
De nombreux jeunes médecins installés après le 01/01/2012 ont eu et ont encore le plus grand mal à se faire payer leur ROSP.
On leur objecte souvent que le calcul n’est pas possible parce que la patientèle prise en compte est celle au 31/12/2011, ou que le point de départ n’est pas calculable car là encore il faudrait les chiffres au 31/12/2011.
Ce n’est pas ce que dit la Convention :
– Article 26 : Pour les médecins traitants, la patientèle prise en compte pour le calcul des indicateurs est la patientèle médecin traitant (MT) de l’ensemble des régimes d’assurance maladie à la date de mise en œuvre du dispositif. Elle est réévaluée chaque année à date anniversaire du début du dispositif.
– Article 26.4 : le niveau initial du médecin est défini à partir de la situation médicale initiale du médecin au moment de l’entrée en vigueur du dispositif ou de l’adhésion du médecin à la convention lors d’une nouvelle installation (T0)
Et même plus, l’article 26.2 précise que les nouveaux installés ont droit à être mieux rémunérés : Les parties conventionnelles conviennent de soutenir la première installation en libéral en majorant la valeur du point pendant une durée de trois ans, selon des modalités définies en annexe XVII.
Annexe XVII, article 2.4 : Afin de soutenir le médecin s’installant pour la première fois, celui-ci bénéficie de la rémunération à la performance selon les conditions particulières décrites ci-après.
Pendant les trois premières années suivant son installation, et pour les indicateurs relevant de la qualité de la pratique médicale, la valeur du point sera majorée de 15 % la première année, 10 % la deuxième année et de 5 % la troisième année.
Plus de précision dans l’article sur les Faux Calculs de la ROSP
{Conclusion}
Comme d’habitude avec les caisses, il faut savoir faire valoir ses droits et ne pas se laisser impressionner par l’opacité des procédures et des textes. La passivité des médecins fait le jeu des caisses, c’est à nous de réagir pour ne pas nous laisser faire !
Pour réclamer, il suffit d’écrire à sa CPAM de référence (un mail à son ou sa DAM avec accusé de réception suffit, la réclamation est transmise à l’échelon supérieur). Mais faites-le avec des arguments, et vous êtes sûrs de gagner, comme 90% de ceux qui l’ont fait en 2014.