Messieurs les Députés,
Nous, médecins généralistes libéraux du territoire du Pays Salonais, sommes inquiets.
Nous sommes inquiets de l’évolution de notre système de santé.
Celui qui était considéré comme le meilleur du monde jusqu’à peu s’est effondré.
Il s’est effondré sous les coups d’une politique de santé incohérente, menée depuis 30 ans par les gouvernements successifs.
Une désertification de tous les territoires s’est développée comme vous le savez, et va s’aggraver sous les coups de butoir de décisions politiques iniques.
Les propositions de loi « salvatrices », les PPL Valletoux et Garot ne vont qu’aggraver cette situation en poussant les quelques médecins qui résistent encore à cesser en masse leur activité.
En effet depuis l’automne et le début des négociations conventionnelles, ce n’est que mépris et maltraitance qui sont montrés envers les professionnels de terrain.
Vous pouvez le constater sur votre territoire, pas moins de 8 jeunes femmes médecins cessent ou réorientent leur activité de médecine générale cette année, sans préjuger de départs à la retraite prévisibles.
Chaque médecin quittant son activité de soin augmente la pression sur les collègues restants qui se découragent eux aussi.
C’est avec regret que certains songent à divorcer de l’assurance maladie en se déconventionnant ou en adaptant leur tarif à la réalité économique.
La rareté des médecins leur permet de faire ce choix, qui ne sera pas sans conséquence sur l’égalité d’accès aux soins.
Ce projet de loi qui peut paraître séduisant lors de sa lecture est en pratique un coup de massue sur le système de santé libéral.
La médecine générale est loin de la caricature que certains veulent en faire en parlant de renouvellements d’ordonnances, de courriers aux spécialistes et de traitement de rhume.
Elle ne se limite pas à une succession de soins non programmés, réalisables en télé-consultations, ou en délégations diverses.
La médecine générale reste une médecine de famille avec un suivi diachronique d’êtres humains dans toute leur complexité. La consultation « one-shot » dans un centre de soins non programmés est un complément d’offre qui ne saura jamais remplacer l’entretien singulier entre un patient et son médecin. Et nous ne parlerons pas de l’absurdité de ces cabines de téléconsultations, degré zéro du soin.
Sans une médecine de ville efficace et performante, l’hôpital, déjà mis à mal , s’écroulera à son tour.
Nous ne comprenons pas cet acharnement sur notre profession, nous qui étions les premiers sur le front du COVID, prenant nos responsabilités spontanément – le premier centre Covid a été pensé ici et partagé avec des collègues de l’ensemble du pays. Ici nous avons réalisé le seul hôtel Covid de France qui a permis la gestion de la calamiteuse crise des ouvriers agricoles.
Et on vient nous parler d’engagement territorial ! Nous le prenons comme une insulte.
Ce mépris nous le retrouvons aussi dans ce qui concerne la formation. A quelques jours du concours d’internat les étudiants n’ont toujours pas d’information sur la quatrième année d’internat, le ministère de la recherche et de l’enseignement supérieur ne débloque pas les postes d’associés universitaires permettant d’encadrer ces étudiants, l’agence nationale du développement professionnel continu bloque la formation des maîtres de stage universitaires nécessaires à un encadrement de ces internes.
Pourtant toutes les études montrent que la maîtrise de stage est un élément essentiel dans le repeuplement médical des territoires.
Nous vous interpellons car il est essentiel que vous ayez ces informations avant le vote de ces projets de loi. Celui-ci était mené par votre ex-collègue Thomas Mesnier qui a dû répondre devant ses électeurs du démantèlement du système de santé qu’il s’apprêtait à mener.
Si vous le souhaitez nous pouvons envisager une rencontre pour en parler plus en détail.
Il est urgent d’agir avant que ces propositions de loi ne soient entérinées aux dépens de la santé de la population.
Avec nos salutations respectueuses
Le bureau de L’AMLPS unanime, au nom des médecins du Pays Salonais.