Pourquoi je vais voter contre la signature des deux avenants.

L’histoire de la médecine est marquée par une lutte entre

  • les tenants de la liberté des médecins et
  • ceux du recours au soin médical pour tous.

Cette histoire est remarquablement détaillée dans l’ouvrage de Patrick Carlioz « Du Syndicalisme Médical à la Convention« .

La meilleure façon de garantir la liberté des médecins est le paiement à l’acte.

Celle de garantir le recours au soin est la forfaitisation du revenu des médecins.

La convention médicale est un compromis entre les deux aspirations.

La convention prévoit la persistance du paiement à l’acte. Le montant des honoraires est limité d’un commun accord en contrepartie « d’avantages conventionnels ».

La convention est une idée magnifique qui se gâte avec la mise en pratique.

L’accès au soin étant possible pour tous, sans être limité par des raisons financières, couplé au coûteux progrès scientifique il mène à l’inflation des dépenses de notre société liées aux soins.

Initialement le « ticket modérateur » devait limiter cette inflation.

C’était sans compter avec les prédécesseurs de la Sécurité Sociale, les mutuelles auxquelles il fallait bien trouver une fonction.

Cette fonction, aujourd’hui, c’est la prise en charge du ticket modérateur.

Part Obligatoire (= prise en charge par la Sécurité Sociale) + Part Complémentaire par la les Assurances Santé Complémentaires = Soin Gratuit = Coût illimité du soin médical.

Cette inflation est intenable pour notre société. Deux voies pour y remédier :

  1. limiter l’accès au soin par un renchérissement du coût du soin par une liberalisation des tarifs des medecins.
  2. limiter le coût global par une forfaitisation du revenu du médecin, ce qui revient à l’instauration d’un budget global fermé : l’augmentation du coût du soin est compensée par une diminution du revenu des médecins.

Aussitôt l’accord conventionnel perd de l’importance, ce qui permet au partenaire conventionnel assurantiel de diminuer de façon unilatérale ses engagement conventionnels.

Le partenaire médical, représenté par une multitude de syndicats aux intérêts propres, ne réagit pas. Il reste immobile, il laisse faire.

Pire, il rentre dans la logique du soit-disant partenaire conventionnel en voulant gagner dans de chimériques négociations conventionnelles une part avantageuse des forfaits.

A mon avis personnel, l’acceptation même de la négociation qui a comme sujet les modalités et montants des forfaits équivaut à l’abandon de la liberté du médecin.

Je tiens à ma liberté. Je ne soutiendrai pas la signature de ma mise en cage.

Pour autant j’envisage la suite d’une éventuelle non-signature avec pessimisme. Qu’allons faire nous médecins libéraux, nos syndicats, notre FMF le lendemain de la non-signature ?

Je ne vois nulle part à l’horizon une stratégie. Pour aller où d’ailleurs ?

J’ai l’impression que la plupart des médecins souhaitent avoir le beurre, l’argent du beurre et le sourire de la crémière. La liberté et la sécurité du revenu. Donc le cul de la crémière.

Ils feront éventuellement grève pour regagner une part plus importante des forfaits.

Ils n’oseront pas appliquer unilatéralement des tarifs décents pour regagner fièrement leur liberté.

Dommage.

Hermann Neuffer

Président de la FMF33