Point-hebdo FMF du 26-01-2025

Chers amis,

Ce Point Hebdo est le premier de l’année 2025, et il me sert aussi à vous adresser tous mes vœux de bonheur, professionnel et surtout personnel. Sachons profiter des bons moments et des plaisirs que la vie ne manquera pas de nous apporter.

Pour faire la transition avec la fin 2024, je commence par revenir sur le Projet de Loi trans-partisane déposé le 3 décembre par 220 députés, menés par Guillaume Garot pour soi-disant « lutter contre les inégalités d’accès aux soins » (cf Point Hebdo du 8 décembre 2024). Grande menace de « régulation des installations » maintes fois brandie mais jamais votée. Notre ami Frédéric Villeneuve, aidé de quelques adhérents FMF, a étudié les circonscriptions des députés signataires (hors 3 députés ultra-marins non concernés par le calcul des « APL »). Eh bien figurez-vous que nous y avons découvert 27 députés au grand cœur qui vont, à n’en pas douter, sacrifier leur carrière politique en refusant absolument toute installation de médecins sur leur territoire considéré comme surdoté, attitude qui sera difficile à expliquer à leurs électeurs. 155 autres, officient dans des territoires normo-dotés, et n’accepteront de nouveaux installés qu’en contrepartie du départ d’un ancien. Au final, seuls 35 députés pourraient espérer bénéficier de cette Loi si elle était votée. Je dis « pourraient espérer » car évidemment interdire une installation à un endroit n’a jamais incité à s’installer autre part. C’est pas comme si on était trop nombreux et qu’on n’avait pas de choix d’exercice. Mais manifestement nos chers députés ont du mal à le comprendre. En tout cas la FMF salue l’esprit de sacrifice de ceux qui vont délibérément priver leur population de l’arrivée de nouveaux médecins.

Autre pétard mouillé : la parution le 21 janvier d’un nouveau décret d’application, partielle, sur une arlésienne : l’accès direct aux IPA (Infirmiers de Pratique Avancée). Le principe est acté depuis la loi Rist-Bergé de mai 2023, mais en réalité rien n’a vraiment évolué depuis. Un décret d’application en avait restreint l’accès aux structures d’exercice coordonnée et aux établissements. Celui-ci n’apporte pas grand-chose, car il ne fait que préciser, un peu, les tâches dévolues à ces IPA d’accès direct, mais toujours limitées aux structures d’exercice coordonné. Ces infirmiers participeront à la « prise en charge globale du patient », sans restriction et sans adressage préalable de médecin. S’ils constatent leur incompétence à soigner le patient, ils doivent l’adresser au médecin traitant (s’il existe) en avertissant ce dernier, de façon à obtenir un RDV « dans un délai compatible avec l’état de santé du patient ». Mais ce décret ne donne pas encore l’autorisation de prescription. Il y est même écrit que l’arrêté sur les prescriptions « peut prévoir que la prescription par l’infirmier est subordonnée à un diagnostic médical préalable ». Ce qui finalement met tout le monde en colère : les infirmiers qui peuvent « prendre en charge les patients » mais sans liberté de traitement, et les médecins qui réfutent les capacités de ces IPA à comprendre les pathologies dans leur globalité. Quant aux patients, pas sûr qu’ils sortent grands gagnants de ces parcours disparates.

En revanche, nous sommes concernés par d’autres décrets, plus concrets ceux-là, sur les ITR (Indications Thérapeutiques Reconnues) des analogues de la GLP-1 dits « glutides » (dulaglutide, liraglutide, sémaglutide, 1 décret par molécule). Ils mettent en place, à partir du 1er février pour les primo-prescriptions et du 1er juillet pour les renouvellements, l’obligation de remplir un formulaire accessible sur Ameli-Pro stipulant que le traitement entre bien dans l’indication remboursable : diabète, en complément de la Metformine. Comme si la Caisse ne pouvait pas vérifier elle-même ! Il est cependant curieux qu’y figure également une mention « ou si la Metformine est mal supportée ou contre-indiquée », qui ne fait pourtant pas partie des situations remboursables par l’Assurance-Maladie. Est-ce à dire que la Caisse remboursera néanmoins dans ce cas ? Ce formulaire sera à imprimer et remettre au patient pour présentation au pharmacien. Une seule fois est requise pour toute la durée du traitement. Mais à rééditer chaque fois que le patient aura perdu son précieux sésame. Vous avez dit simplification administrative ?

Autre mesure pernicieuse (elles foisonnent, en ce début d’année !), issue cette fois de l’ANSM «(Agence Nationale de Sécurité du Médicament) : celle sur les primo-prescriptions des anti-épileptiques Valproate, Topiramate et Carbamazépine, qui sont désormais réservées aux neurologues, psychiatres, pédiatres, et médecins de la douleur. Théoriquement pour une raison de risque tératogène. Faut-il rappeler que le même argument avait été avancé pour l’isotrétinoïne réservée aux dermatologues, mais qu’il existe toujours autant de grossesses sous ce médicament hautement tératogène. Messieurs Mesdames les Ministres, les généralistes ne sont pas des professionnels inconséquents qui font n’importe quoi, il faudrait que vous l’admettiez. Cette interdiction est entrée en vigueur le 1er janvier pour les nouveaux traitements, et 1er juillet pour les suivis. Même si la majorité des autres spécialistes, dont les généralistes, primo-prescrivent rarement ces molécules, la FMF s’élève contre ces limitations d’exercice toujours plus nombreuses et complexes, qui vont donner lieu à des contentieux et récupérations d’indûs. D’autant que certains médecins non listés peuvent avoir des compétences spécifiques qui les rendent plus compétents que d’autres médecins autorisés.

Enfin cerise sur le gâteau, nous venons d’apprendre que l’utilisation des tests antigéniques Covid, non seulement ne sera très prochainement plus valorisée (C1,5=34,50 euros à ce jour pour un prélèvement naso-pharyngé), mais qu’en plus nous devrons payer nous-mêmes les tests, sans possibilité d’en récupérer le prix sur le patient. Alors que ce même gouvernement nous a appris, lors de la période Covid, que le repérage des malades était essentiel pour lutter contre l’épidémie. Et que l’épidémie de grippe sévit au point que la campagne de vaccination a été prolongée d’un mois (bien que les pharmaciens aient un mal fou à se procurer les vaccins, mais c’est une autre histoire). Ne serait-il pas plus judicieux de laisser à notre disposition les bi-tests Covid-Grippe, voire triplex Covid-Grippe-VRS ? Ils sont bien utiles pour expliquer au patient que la prescription d’antibiotiques est sans intérêt dans ces cas-là, et renforcer les mesures barrière.

Pour finir, je rappelle aux médecins concernés par la ROSP que la plate-forme Ameli est ouverte jusqu’au 9 février pour y déclarer certains indicateurs. C’est la dernière année, la ROSP disparaissant l’an prochain au profit d’indicateurs de prévention directement repérés par la Caisse et intégrés dans le Forfait Médecin-Traitant (FMT) et donc réservés aux généralistes sauf exception. Pour le fun, la Caisse a cette année ouvert à tous les spécialistes la plate-forme de déclaration, sans doute pour les quelques médecins-traitants d’entre eux. Mais amis spécialistes, ne vous réjouissez pas, cela ne vous apportera rien, faute d’un nombre suffisant de patients concernés, comme nous l’explique Richard Talbot.

Je vous souhaite une bonne semaine.

Article L4301-2 – Code de la santé publique – Légifrance