Chers amis, ce Point Hebdo est consacré à l’annonce du « Plan Buzyn » de vendredi contre la désertification médicale. Il se décline en quatre thèmes, avec à chaque fois des points positifs, des questions, et des propositions très discutables.
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le 1er sujet est de renforcer la présence médicale sur les territoires. La FMF y trouve avec plaisir la décision d’étendre les stages d’internes en ambulatoire à toutes les spécialités, ce que nous demandons depuis longtemps. De dispenser de cotisations CARMF les médecins retraités-actifs jusqu’à 40 000 euros de chiffres d’affaire (aujourd’hui 11 500), à condition qu’ils exercent en zone sous-dense (attention néanmoins, à ce que cet allègement ne soit pas répercuté sur les cotisations des derniers médecins installés, ce serait alors un casus belli). De développer les coopérations avec les infirmières sur les maladies complexes, tel le dispositif « Asalée » créé par nos confrères de MG-France (il faut savoir reconnaître les bonnes idées, même lorsqu’elles émanent d’un autre syndicat). Sur ce dernier point, un bémol tout de même : si le médecin-traitant voit moins souvent les patients, du fait du suivi infirmier, il n’est pas question que la consultation de synthèse reste à 25 euros.
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D’autres mesures posent néanmoins des questions. La révision du zonage par exemple, qui va monter à 18% le nombre de territoires sous-dotés en médecins. Parce qu’on imaginait bêtement qu’un territoire entrait dans la case rouge dès lors qu’il remplissait des critères bien précis. Pas du tout ! L’Etat définit a priori qu’il ne peut y avoir plus de 7% de zones sous-dotées par région. Question d’affichage, et de finances (ne pas trop étendre les quelques petits avantages obtenus dans ces endroits). Donc porter à 18%, c’est bien, mais pourquoi limiter ? Si la France entière manque de médecins libéraux, c’est la France entière qui doit bénéficier des mesures de protection. La bonne nouvelle, c’est que le nombre de spécialistes installés va aussi entrer en ligne de compte pour définir la pénurie médicale. D’autres annonces posent aussi question : l’extension à toutes les zones sous-denses et sans limitation de temps, du statut du médecin-adjoint, actuellement réservé aux zones exposées à des afflux ponctuels de patients ; alors, quelle différence avec le statut de collaborateur ? Ou « faciliter les remplacements » : de quelle manière ? Enfin, très discutable : des contrats avec des spécialistes hospitaliers qui viendraient exercer partiellement en ville. OK, mais quels liens avec les libéraux déjà installés, et surtout avec toutes les contraintes libérales ?
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Le 2ème thème est la « révolution numérique ». La FMF, qui a poussé pour signer des avenants en ce sens, se réjouit de la priorité donnée à la tarification des actes de téléconsultation (consultation à distance entre un patient et un médecin), et de téléexpertise (demande d’avis à un spécialiste par un autre médecin).
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En revanche, des questions : la décision d’accompagner à s’équiper en télémédecine les établissements, « quels qu’ils soient ». Très bien pour les Maison de Santé, mais quid des cabinets individuels ? Ils n’auront pas droit à la télémédecine ? On lit également « généraliser les prises de RDV en ligne » ; en quoi cela va t’il endiguer la désertification médicale ? Enfin, le vieux serpent de mer qui revient : généraliser le DMP (Dossier Médical Partagé, ou Personnel, ou Mal Parti, je ne sais plus) ; ça ne fait jamais que 12 ans qu’on en parle …
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3ème axe : développer les Maisons de Santé Pluridisciplinaires (MSP) et l’execice coordonné. Ca ne mange pas de pain, mais rappelons qu’actuellement, seulement 6% des médecins exercent dans ce cadre, et encore seulement la moitié sont officiellement reconnus par un contrat.
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Et la dernière annonce : construire les projets à partir des acteurs de terrain : professionnels de santé, usagers, élus. Bon, moi, j’aurais commencé par là, mais au moins, c’est dit, et ça nous change du précédent gouvernement.
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Je ne peux néanmoins vous quitter sans vous dire un mot de l’inénarrable saga du Lévothyrox. Vous savez qu’on a depuis le 1er octobre un nouveau Lévothyrox (Euthyrox), qui est en fait l’ancien. A partir du 16 octobre, arrive de plus le L’Thyroxin, qui n’est ni le nouveau ni l’ancien ni le nouvel ancien (vous me suivez ?), mais encore un autre, sans mannitol ni lactose mais avec d’autres enrobements susceptibles de nouveaux effets secondaires. Maintenant, il ne s’agit plus de savoir quelle dose d’hormone thyroïdienne contient le comprimé, mais quels sont ses excipients. Espérons qu’ils ne vont pas nous jouer le même film avec tous les médicaments !
Je vous souhaite une belle semaine.