Chers amis,
2020 fut l’année du coronavirus, 2021 sera celle des « variantes d’intérêt » puisque c’est ainsi que le gouvernement nomme les mutants (on voit à quoi sert le poste de Haut Fonctionnaire à la terminologie de la langue française, créé cet été). Ils donnent déjà lieu à de nouvelles recommandations. Désormais tout test antigénique positif doit être suivi d’une PCR « de criblage » afin de rechercher l’un de ces variants. Si on découvre le mutant anglais, rien ne change. En revanche, s’il y a un mutant sud-africain ou brésilien, l’isolement doit durer 10 jours au bout desquels une PCR de contrôle est requise. Si elle est toujours positive (ce sera presque toujours le cas), l’isolement doit se prolonger 7 jours supplémentaires. Mais pas d’autre PCR nécessaire ensuite. On note aussi qu’une visite bi-quotidienne d’une infirmière est systématiquement proposée, dont on ne voit pas bien la pertinence puisque les variants sont plus contagieux mais pas plus graves.
Pour leurs cas-contacts, ils doivent avoir une PCR dès le diagnostic connu et une autre après les 7 jours d’isolement. Et nouveauté, les cas-contacts des cas-contacts doivent impérativement se mettre en télétravail en attendant le résultat de la PCR du sujet dont ils sont cas-contacts. Vous me suivez toujours ? Rien n’est dit si le télétravail est impossible : probablement faut-il un arrêt de travail de notre part ? Ou une auto-déclaration de leur part sur le site Ameli ?
Si vous n’avez pas envie de lire les 3 pages de la DGS, l’URPS du Grand-Est a écrit une synthèse en quelques lignes, ou notre ami Christophe Thibault a résumé en un tableau.
Malgré tout on va continuer à vacciner, y compris avec des vaccins dont on n’est pas sûr de l’efficacité sur l’ensemble des virus circulants. Notamment avec le vaccin Astra-Zeneca, qui arrive dans nos cabinets à partir du 25 février, pour les patients de 50 à 65 ans porteurs de co-morbidités. Lesquelles ? La chanson ne le dit pas. Après 65 ans le vaccin n’est pas suffisamment efficace, avant 50 ans il n’est pas (encore) indiqué sauf pour les professionnels de santé au sens très large (pompiers, salariés des établissements médico-sociaux). Si vous voulez obtenir un précieux flacon de 10 doses (pas plus la semaine du 22 février), il faut en faire la demande auprès de votre pharmacien préféré lundi 15 au plus tard. Les aiguilles et seringues sont fournies. Le vaccin se conserve 6 heures à température ambiante, et 48 heures entre 2 et 8 degrés. Mais attention, même à cette température il ne peut être transporté que pendant 1 heure à pied car Monsieur le Vaccin semble très fragile il ne faut pas le bousculer. Retrouvez tous les détails sur la fiche p.34 du Ministère de la Santé ou sur la fiche suivante.
Comme toute peine mérite salaire, le décret tant attendu fixant officiellement les rémunérations des médecins est enfin paru le 5 février.
Comme déjà dit, vous avez intérêt à opter pour la vacation à 420 euros pour 4 heures si vous vaccinez dans un vaccinodrome. Au cabinet, la 1ère injection est facturée VAC=25 euros, plus 5,40 euros pour renseigner VaccinCovid sur Ameli. La 2ème est réduite à 9,60 euros + 5,40 euros de VaccinCovid. Les 5,40 euros ne sont pas à facturer au patient, ils nous seront payés mensuellement par la CPAM. A noter que la 2ème injection ne doit avoir lieu qu’après 8 à 12 semaines pour le vaccin Astra-Zeneca. Sachant que l’immunité réelle n’est assurée que 2 semaines après la 2ème injection, on va finir par arriver à la fin de la pandémie avant que le vaccin serve à quelque chose. On peut même se demander si, pour ces patients relativement fragiles, il ne vaut pas mieux attendre un probable vaccin immunisant dès la 1ère dose ?
Puisqu’on parle rémunération, nous avons la confirmation orale de toute la Direction de l’Assurance-Maladie de la prolongation des tarifs dérogatoires jusqu’à la fin de l’état d’urgence sanitaire : C1,74, V+MU en EHPAD, téléconsultations en tiers-payant total, … Mais pas de texte officiel paru.
La tête plongée dans les recommandations et les tarifs, qui changent chaque semaine, on en finirait par oublier que le Covid tue. Et particulièrement les médecins libéraux. Si on ne déplore officiellement « que » 79 morts parmi nous, la CARMF (notre Caisse de Retraite) vient de révéler des chiffres de mortalité qui curieusement ont très fortement augmenté en 2020. Le coronavirus a sans doute fait beaucoup plus de victimes que les 79 médecins reconnus. Alors faites bien attention à vous. N’oublions pas que la personne la plus importante pour nous, c’est nous, et pas le patient.
Je vous souhaite une bonne semaine.