Chers amis,
Je vous ai laissés il y a 2 semaines sur un vent de fronde qui n’a fait que s’enfler depuis. Il faut dire que nos dirigeants ont manifestement décidé de faire un grand feu en soufflant sur les braises. Résultat : les syndicats font front commun et refusent les diktats imposés.
Ils ont commencé par quitter le 27 octobre la réunion de la Commission de Hiérarchisation des Actes Professionnels (CHAP), où sont discutés les tarifs de nos actes, car l’Etat veut nous imposer des paiements non plus à l’acte mais aux épisodes de soins. J’explique : pour une intervention par exemple, l’Assurance Maladie verse une somme globale, qui sera à se répartir entre les différents intervenants, en amont (anesthésiste et chirurgien), pendant l’hospitalisation, et en aval (médecins, infirmier, kiné, …). Et ce, quelles que soient les complications pouvant survenir. Rien de tel pour semer la zizanie entre les professionnels, à l’époque où l’on ne parle que de coopération.
Même réaction mercredi dernier 9 novembre, lors de la 1ère séance de négociation pour la nouvelle Convention : les syndicats unis ont quitté la table. La lettre de cadrage du Ministre François Braun ne nous ayant laissé aucune illusion sur l’évolution de nos honoraires (voir synthèse de notre ami Richard Talbot), les syndicats ont exigé avant toute discussion d’être assurés de la pérennité de l’ASV (Allocation Supplémentaire Vieillesse), et de revoir la valeur de la Consultation de base. Pour la FMF, le Cs/Gs doit se voir monté d’office et immédiatement à 29,50 euros, ce qui correspond au rattrapage de l’inflation depuis son gel en 2017. A partir de là on peut discuter d’une réelle revalorisation à venir.
D’autant que le forfait-structure, seul forfait attribué à tous les médecins conventionnés et non négligeable (environ 7 000 euros par an), va disparaître pour une bonne partie d’entre nous. En effet les contraintes pour l’obtenir s’alourdissent, et il faut par exemple cette année
- avoir commandé avant le 30 novembre un nouveau logiciel de télétransmission dit « Ségur », qui devra être livré avant le 31 mars 2023
- exercer en soins coordonnés, entendez par là adhérer à une CPTS (Communauté Professionnelle Territoriale de Soins). Laquelle CPTS devient responsable de l’accès de sa population aux soins médicaux. L’art de transférer sa responsabilité sur les libéraux : l’Etat n’est pour rien dans les difficultés à trouver un médecin, ce sont ces derniers qui ne savent pas s’organiser. Cette exigence d’exercer en CPTS se trouve dans l’horrible avenant 9 de l’actuelle Convention, signé par tous les syndicats sauf la FMF.
Et je vous rappelle que toutes ces contraintes et pseudo-négociations se déroulent dans un contexte de suspicion permanente de la part de nos politiques : les médecins sont tous des voleurs. A tel point qu’une séance de négociation conventionnelle va porter sur les fraudes des médecins, et surtout que nos députés et sénateurs ont décrété que des erreurs de cotation détectées une fois pouvait être étendues à l‘ensemble de notre activité sur les 3 années passées, sans avoir besoin de prouver leur réalité. C’est l’article 44 du Projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale (PLFSS) qui le dit, et que nous devons contrer en signant déjà une pétition.
Pour toutes ces raisons, il est largement temps de nous faire entendre et de rejoindre la Coordination « Médecinspourdemain », que vous pouvez rejoindre sur le groupe Facebook ou sur What’sApp. J’avais parlé d’une grève totale des soins le jeudi 1er décembre ; il s’agit maintenant de fermer nos cabinets les 1er et 2 décembre. Pourquoi faire grève ? La revendication d’une consultation à 50 euros peut paraître exagérée au premier abord, mais elle est tout-à-fait réaliste (voir les autres pays européens), et surtout c’est la seule façon de garantir à notre population des soins de qualité en tous points du territoire. Les études montrent que non seulement les généralistes s’installent de moins en moins, mais surtout que leur activité conventionnée se réduit. Ils font d’autres choses pour pouvoir vivre. Alors un médecin entier pour 50 euros ; pour 25 euros vous n’en aurez que la moitié !
Et chiche messieurs des politiques, si vous faisiez un peu confiance aux médecins ?!
Je vous souhaite une bonne semaine.