Point-hebdo FMF du 05-02-2023

Chers amis,

Ce Point Hebdo se résume en 1 phrase :

TOUS, NON PAS A LA BASTILLE, MAIS PLACE VAUBAN !

MARDI 14 FEVRIER A 13 HEURES

Car vous l’avez appris, nous avons enfin une proposition chiffrée pour le tarif de nos futures consultations : 26 euros ! Oups pardon, je voulais dire 26,50 euros, j’allais oublier les 50 centimes qui font toute la cocasserie de la proposition. Vous imaginez le patient devant nous, qui cherche au fond de sa poche les misérables 50 centimes ? Et s’il n’a pas la jolie pièce, nous payer en pièces de 20 centimes ? Après 5 ans de stagnation des honoraires, 2 ans de sueur à recevoir coûte que coûte nos patients en pleine crise Covid, parfois sans aucune protection (certains d’entre nous en sont morts). Nous adapter et nous réorganiser, encore et toujours, pour faire face aux fermetures des services hospitaliers, recevoir les pauvres patients en errance, téléconsulter même sur nos lieux de vacances ou lors de journées de fermeture, et voilà le remerciement : 1,50 euros ! Même pas le pourboire laissé chez le coiffeur. Comme le démontre notre ami Jean-Luc Caniggia A C50€ on investit dans le système de santé futur, à C35€ on pérennise, à C30€ on rafistole… En dessous on assassine.

Et la réponse cinglante du Directeur de l’Assurance Maladie Thomas Fatôme, qui manie aussi bien cynisme que le mépris, devant notre sidération : mais vous allez voir beaucoup plus de patients puisque vous allez être obligés de faire des gardes de nuit, de week-end et de jours fériés, donc vous allez mieux gagner votre vie. En France, pays des 35 heures, il lui parait normal que les médecins libéraux doivent travailler 24/24 heures et 7/7 jours pour gagner correctement leur vie.

Car notre cher Ministre Braun l’a répété, les libéraux (dont la moyenne d’âge approche les 60 ans je rappelle) doivent assurer les gardes, afin de tenir les promesses, que LUI a faites à la population, de trouver un médecin à n’importe quelle heure et en tout point du territoire. Sans tenir compte des conséquences sur l’état de santé desdits médecins libéraux. Au passage, c’est bien la première fois qu’un politique se préoccupe de tenir ses promesses.

Le fossé est tellement énorme entre les besoins de la profession pour assurer des soins de qualité à la population, et les plans « tableau Excel » de nos dirigeants dans leur Tour d’Ivoire à Paris, qu’il apparaît aujourd’hui impossible d’envisager une signature de Convention avant la date-limite du 31 mars 2023. Nous nous dirigeons donc vers un Règlement Arbitral, qui tient lieu de Convention en l’absence d’accord avec les médecins. Certains syndicats nous le brandissent comme l’horreur absolue à éviter à tout prix, mais ce règlement pourra difficilement faire pire que ce que le gouvernement nous propose aujourd’hui, comme nous l’explique Richard Talbot.

Et si le règlement Arbitral ne nous convient pas, il nous restera le déconventionnement, ce qui chagrinerait beaucoup monsieur Fatôme qui l’a qualifié de « rupture irresponsable du système solidaire ». A noter que dans cette même Tribune, il a aussi qualifié « d’extravagante » la revendication des 50 euros, ce qui reviendrait à être payé au même niveau que les médecins-conseils de l’Assurance-Maladie. Sans doute parce qu’il estime notre travail deux fois moins utile que le leur.

Sombres perspectives, mais nous pouvons changer le cours des choses. Rappelez-vous que nous, médecins, sommes essentiels ! Nos compétences, notre proximité, notre empathie, notre capacité de gérer le collectif comme l’individuel, font que personne ni aucune Intelligence Artificielle, ne peuvent nous remplacer. Nos cabinets et nos établissements sont des refuges pour nos patients. Si les médecins disparaissent, c’est la société entière qui s’écroule.

Alors comme le conclut Jean-Luc Caniggia Nous ne sommes pas entendus, car nous ne sommes même pas écoutés. Peut-être faut-il crier un peu plus fort dans l’oreille de nos tutelles ? 

Avant de vous souhaiter une bonne semaine, je vous informe juste que les dispositifs spécifiques Covid viennent de disparaitre. Désormais il faut refaire des arrêts de travail classiques (avec les jours de carence donc), déclarer les tests sur SIDEP mais sans renseigner obligatoirement les données personnelles des patients, et il n’y a plus de confinement pour les cas-contacts, vaccinés ou non.