L’avenant 6, validé par la CPN du 19/09/2018, puis par la décision de l’Uncam publiée le 20/12/2018, a modifié certains détails des calculs des indicateurs de la ROSP à partir du 01/01/2019 et mis en place deux nouveaux indicateurs à la place de ceux concernant la prescription de génériques des traitements de l’asthme et de l’incontinence urinaire qui ont été supprimés. Nous avons déjà évoqué les modifications de règles de calcul qui ont permis d’éviter le recours à la clause de sauvegarde en 2019 pour l’année 2018.
Les autres modifications concernent principalement le nombre de patients ou de boites nécessaires à la prise en compte d’un indicateur, qui a été revu à la baisse à 5 patients ou 10 boites, pour ne pas exclure les médecins à petite patientèle ou faibles prescripteurs ; par ailleurs la période de référence des items concernant le dépistage de la rétinopathie diabétique et les surveillance et dépistage des dysthyroïdies a été allongée d’un trimestre.
D’autres modifications de détail interviennent :
- Limitation à 81 ans de la population diabétique concernée par le dépistage de la micro-albuminurie
- Recherche de la microalbuminurie chez les hypertendus. Prenez l’habitude de la mettre systématiquement dans le bilan d’HTA, même si c’est idiot quand il existe déjà une protéinurie…
- Au moins autant de dosage d’INR que de délivrances d’AVK dans l’année au lieu de 10 dosages au moins dans l’année
- Exclusion du paracétamol du calcul du taux global de prescription de génériques (ce qui est normal puisque le paracétamol ne fait officiellement pas partie du domaine des molécules inscrites au répertoire des génériques, les intérêts économiques nationaux étant en jeu). Rappelons à ce sujet que les caisses ne sont toujours pas en mesure de différencier prescription et délivrance pharmaceutique… Or il est bien marqué prescription dans le libellé de cet item.
Passons maintenant au plus intéressant : les deux nouveaux items.
Ce sont deux items « inversés », le but à atteindre étant de diminuer autant que possible les prescriptions
Part des patients de moins de 65 ans sans facteur de risque mesurable de lésions digestives induites par les AINS, avec codélivrance d’IPP et d’AINS, parmi les patients sous AINS.
Cet item est certes intéressant, puisqu’il vise à limiter la iatrogénie des IPP, tout en limitant la dépense de l’assurance maladie. Mais que recouvre-t-il exactement ? et surtout comment la CNAM pourra-t-elle décider qu’un patient a ou non un « risque mesurable de lésions digestives induites par les AINS » puisqu’elle n’a théoriquement pas accès aux données médicales des patients ? Aucun document à ce jour sur Ameli ; il faut se référer au PV de la CPN du 19/09/18 pour le savoir.
Cet item concerne :
- AINS : ATC M01A et N02BA (Antiinflammatoires non stéroïdiens)
- patients sans facteur de risque mesurable de lésions digestives induites par les AINS :
- 1. patients sans délivrance d’antiagrégant plaquettaire ou d’anticoagulant ou de corticoïde dans l’année (ATC H02A, B01AA, B01AB, B01AC, B01AE, B01AF, B01AX, C10BX02)
- 2. patients sans fibroscopie dans les 3 dernières années (CCAM HEQE002, HEQE003, HEQE005, HGQE002, HEQJ001, HEQJ002, HGQJ002,HGQJ001)
- patients en ALD Rhumatologie active dans l’année, polyarthrite rhumatoïde évolutive (ALD 22) ou spondylarthrite grave (ALD 27), exclus du champ de l’indicateur
Retenons donc que les patients sous anticoagulants, anti-agrégant ou corticoïdes sont exclus, que l’ibuprofène est un AINS pour la CNAM, ce qui favorisera plutôt les médecins, et qu’un patient avec 3 ulcères documentés mais pas de fibroscopie depuis 3 ans n’a pas de risque de lésions gastriques induites par les AINS …
Part des boîtes d‘ézétimibe parmi les boîtes d’ézétimibe + statine prescrites par le MT à ses patients MT
Là c’est plus facile à comprendre. Après avoir essayé l’intimidation et la demande d’accord préalable avant toute primoprescription d’ezetimibe (mais ça augmentait la charge de travail des médecins traitants, ce qui importe peu à la CNAM, et des médecins-conseil, ce qui l’enquiquine plus), la CNAM tente la carotte pour limiter les prescriptions d’un hypolipémiant cher, peu efficace, et non recommandé par l’HAS sans tentative préalable de traitement par statine.
Sont concernées les prescriptions d’ezetimibe seule ou associée : code ATC C10BA02 et C10BA05 (statine en association avec l’ezetimibe) et ATC C10AX09 (ezetimibe seule)
Ce qui est intéressant, c’est que c’est assez facile à vérifier. Les médecins sont maintenant très souvent équipés d’un Logiciel d’Aide à la Prescription (LAP), indispensable pour le Forfait Structure. Ce genre de logiciel interfacé au fichier patient permet aisément de retrouver les patients concernés par la recherche des codifications ATC …
Le dernier point intéressant, et qui risque peut-être aussi de donner lieu à quelques réclamations, c’est que ces deux items ne concernent que les « prescriptions par le MT à ses patients MT ». Alors qu’elles peuvent souvent être le fait d’un autre médecin, que ce soit en garde, après une hospitalisation, ou après un avis spécialisé …
La CNAM a publié deux aide-mémoires plutôt bien faits sur la ROSP, gardez-lez dans un coin de votre bureau…