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Alors qu’en un an, les cabinets médicaux de montagne accusent une perte de chiffres d’affaires de 58 %, la fermeture des remontées mécaniques des stations de ski met clairement en péril la situation financière des médecins de montagne et des autres professions de santé avec qui ils travaillent. L’association Médecins de Montagne et la fédération des médecins de France demandent des mesures de soutien urgentes.
Corinne Le Sauder, présidente de la Fédération des Médecins de France, a été alertée par l’association des Médecins de Montagne sur la situation dramatique des 69 cabinets de montagne et stations de ski, situés en Auvergne-Rhône-Alpes, conséquence de la crise sanitaire.
Si rien n’est fait rapidement, le risque de fermeture des cabinets médicaux est réel ce qui entrainera la destruction du maillage médical actuellement en place. En un an, entre décembre 2019 et décembre 2020, on constate une baisse du chiffre d’affaires d’au moins 58 % !
Corinne Le Sauder explique : « Les cabinets médicaux sont des entreprises presque comme les autres. Avec des investissements, des emprunts, des crédits, des loyers et des salariés, ils sont les seuls à ne pas être soutenus ni même évoqués dans les plans de soutien. Cette activité spécifique entraine un coût de structure très élevé : soit environ 200 000 € de matériel hors immobilier, des loyers mensuels d’environ 2500 €/mois hors charges. Si les médecins ne peuvent assumer financièrement ces charges lourdes, ils devront quitter la montagne et ce serait une catastrophe sanitaire puisqu’aucun hôpital ne pourra absorber la charge ».
L’activité spécifique des Médecins de Montagne
La médecine de montagne en station de sport d’hiver est caractérisée par la réponse de soins aux demandes de la population résidente, touristique, des saisonniers, ainsi que de la traumatologie liée aux sports d’hiver. Cette spécificité nécessite un plateau technique adapté : radiologie, échographie, médecine d’urgence (matériel d’oxygénation, scope, défibrillateur, oxymètre et matériel d’intubation), petite chirurgie.
95 % des blessés liés à la pratique des sports d’hiver sont pris en charge entièrement dans les cabinets médicaux de station.
Par leur activité spécifique, ils déchargent les hôpitaux des départements en évitant l’hospitalisation de 95 % des victimes de traumatismes liés aux sports d’hiver. Leur présence est aussi un préalable à l’ouverture des stations. Ils assurent une permanence de soins 24 h sur 24, 7 jours sur 7. Pour la plupart d’entre eux, engagés volontairement dans la fonction de Médecins Correspondants du samu (MCS) ils prennent en charge les urgences vitales de ces territoires isolés.
Avec un nombre d’habitants multipliés par 10, c’est entre 130 000 à 140 000 accidents* de sports d’hiver de décembre à fin avril qui sont pris en charge par les cabinets de montagne, et ce en complément des soins apportés aux saisonniers et à la population locale suivie à l’année.
Sans mesures urgentes, de nombreux cabinets vont devoir fermer ne pouvant plus assumer le fonctionnement de leur entreprise faute d’activité du fait de la non — réouverture des remontées mécaniques. Avec toutes les conséquences dramatiques en chaine au niveau de leur personnel, de leur commune, mais aussi des régions par effondrement de l’activité touristique.
Comment attirer les touristes, aussi bien l’hiver que l’été, dans des territoires qui deviendront bien au-delà des communes de montagne, des déserts médicaux, sans possibilité d’offre de soins de qualité jusque-là assurée ? Sans oublier toutes les conséquences économiques pour tous ceux qui en amont et en aval vivent de l’activité touristique de la montagne. Et derrière les drames humains qui ne manqueront pas de surgir.
100% des pertes doivent être compensées
L’Association Médecins de Montagne demande des mesures urgentes et conséquentes pour les médecins de stations de sports d’hiver de la part de l’état et des collectivités locales. Il en va de leur pérennité, mais aussi de la survie économique de nos territoires de montagne.
« En cas de disparition de ces cabinets de montagne, c’est 100 % des blessés des sports d’hiver et toute la population locale qui devront être pris en charge par les hôpitaux des vallées. Ce qui est impossible. Pire, la pratique des soins d’urgence sera empêchée par une distance moyenne d’environ 27 km avec les samu et smur les plus proches soit dans le meilleur des cas une attente de 30 à 40 minutes, par la route, de 15 et 35 minutes, en hélicoptère. Sans imaginer une simultanéité d’accidents graves ». Complète Corinne le Sauder
La fédération des médecins de France réclame la compensation intégrale des pertes financières des cabinets de montagne, faute de quoi c’est l’ensemble du maillage médical mis en place dans ces territoires qui est menacé.