La vague 2023 des contrôles des « médecins forts prescripteurs d’indemnités journalières » est lancée. Avec une intensité rarement atteinte auparavant : 1000 « propositions » de MSO (Mise Sous Objectifs), 5000 entretiens « confraternels » de sensibilisation, 15000 médecins sollicités pour un entretien avec leur DAM (Délégué•e de l’Assurance Maladie) sur le sujet. Soit en gros la moitié des généralistes traitants !
En cause la « flambée » des prescriptions d’IJ en 2022 (+ 13,2 %, soit + 8,1 % hors COVID) pointée par la Cour des Comptes, mais aussi l’objectif de la CNAM de 94 millions d’euros d’économie sur les IJ en 2023 découvert dans le rapport 2024 « Charges et Produits »…
Donc 1000 généralistes vont se voir proposer d’assumer un objectif de réduction de leurs prescriptions d’IJ, en moyenne de 10 %.
Mais est-ce vraiment pertinent ? On peut se poser la question en regardant les statistiques de l’Assurance maladie !
Parce que certes les IJ ont bien progressé de 13,2 % en 2022
mais sur les 4 premiers mois de 2023 elles ont baissé de 12 %. Et même de 17,5% si on ne tient pas compte des Accidents de Travail
Donc si on regarde objectivement les choses, depuis 2 mois la CNAM et les CPAM ont mobilisé les médecins-conseil et les DAM, convoqués les généralistes en entretiens, envoyé des Lettres Recommandées à tous vents, proposé des MSO avec des objectifs moyens de – 10%, alors que ces objectifs sont déjà rendus obsolètes par l’évolution « spontanée » sur le premier trimestre 2023.
MSO qui d’ailleurs vont, je l’espère, être massivement rejetées par les intéressés, obligeant les CPAM, si elles veulent rester « droites dans leurs bottes », à enclencher massivement des procédures de MSAP, donc à convoquer les Commissions des Pénalités, instruire des dossiers, et augmenter la charge de travail de leurs propres médecins-conseil.
La CNAM aura-t-elle l’honnêteté de chiffrer le montant de toutes ces procédures ? procédures je répète inutiles puisque le but recherché est d’ores et déjà atteint ! Et encore chiffrer les procédures ne tient pas compte du temps perdu par les libéraux, de l’impact psychologique important de ces procédures, des abandons du libéral par un nombre non négligeable de praticiens, et de la dégradation des relations entre l’Assurance Maladie et les libéraux, qui n’en avaient pourtant pas besoin.
Il est encore temps de tout stopper. La CNAM aura-t-elle cette intelligence ?
PS : Remarquez au passage la dernière ligne des dépenses des soins de ville 2022 : + 2,3 % pour une inflation 2022 de 5,2 %
Ce qui fait qu’en réalité les dépenses de santé des soins de ville ont BAISSÉ en 2022. Il faudrait donc peut-être arrêter de chercher des poux dans la tête des professionnels de santé libéraux et de les rendre responsables du dérapage des dépenses de l’Assurance Maladie.