La DREES vient de publier son rapport annuel des dépenses de santé, et on y trouve des choses très intéressantes.
En particulier ce tableau récapitulatif de la consommation de soins et de biens médicaux depuis 2013.
Attention c’est assez différent du budget de l’UNCAM, parce qu’on parle de dépenses de soins et pas de prise en charge assurance maladie.
En particulier on n’y trouve pas les Indemnités Journalières ni les frais de gestion de l’UNCAM ou de l’UNOCAM, mais par contre y figurent les médicaments non remboursables et les frais réels d’optique, de prothèses auditives ou de prothèses dentaires.
La première chose qui saute aux yeux, c’est une très importante augmentation de ces dépenses : + 33% en 11 ans. Dont sur le même temps une augmentation de 39,8% pour l’hospitalisation (40,3% pour le secteur public, 38% pour le privé), et même +5,7 % rien qu’entre 2022 et 2023 !
La part de l’hospitalisation dans les dépenses de santé passe donc de 46,8% en 2013 à 49,1% en 2023. Allez encore un petit effort et on passera la barre des 50% !
Dans le même laps de temps, les honoraires médicaux des généralistes n’ont augmenté que de 13,3 %. Et la « part de marché » de la médecine générale baisse donc de 5,1% à 4,3% seulement !
Pour les spécialistes on retrouve une augmentation de 38,3%, soit une part de marché qui évolue de 5,7% à 6%. On peut probablement y voir l’influence du secteur II qui permet d’adapter les tarifs au coût de la pratique, et d’une démographie plus favorable que celle des généralistes.
Même constat avec les soins dentaires : la part des soins de prothèse explique probablement en partie au moins le fait qu’ils limitent la casse avec une progression de 30%.
Pour les laboratoires médicaux qu’on a accusés de se « goinfrer » ces dernières années et qui subissent donc des baisses de tarifs autoritaires, c’est encore pire : progression des dépenses de 11,8% seulement et effondrement de leur part de marché de 2,3% à 1,9%.
Autre remarque intéressante, les dépenses de médicaments remboursables n’ont augmenté que de 7,5% (alors même que le nombre de traitements nouveaux très onéreux explose) et celles de pharmacie non remboursable ont même baissé de 10,6%. Les médecins seraient-ils donc vertueux dans leurs prescriptions ? Alors pourquoi nous en demander toujours plus ?
Et enfin dernière chose, on voit exploser les dépenses de transport, de kinésithérapie, de soins infirmiers, d’orthoptie, d’orthophonie, et de matériel au sens large. Et oui la population vieillit, s’accroît, le nombre de patients polypathologiques augmente, et tout ça a un coût.
Mais ce n’est pas la médecine libérale et en particulier pas la médecine générale libérale qui doit en payer le prix comme actuellement, alors même que toutes les études montrent l’importance des soins primaires pour la santé publique. La médecine générale ne coûte pas trop cher, dépenser de l’argent pour elle est en fait un investissement. Mais il semble que l’UNCAM et le Ministère de la Santé ne l’aient pas encore compris.