Dans un article du 22/02/2018 au Quotidien du Médecin, le Premier Ministre Edouard Philippe affirme vouloir lutter contre les actes inutiles :
En luttant contre les actes inutiles grâce à la pertinence ou en facilitant la coordination entre professionnels via les outils numériques et des modes de rémunération innovants, nous redonnons du temps aux soignants et du sens à leur engagement.
La difficulté évidente est dans la notion même d’acte inutile, dont la définition diffère suivant les acteurs.
Les plus anciens se souviennent que dans les années 1990 la CPAM avait trouvé sa définition : il fallait cocher sur les feuilles de soins (pas de télétransmission à l’époque) la case Prescription : Oui/Non. Les consultations sans prescription associée étaient suspectes d’être inutiles pour la caisse et souvent non remboursées !
Pour les médecins, les choses sont évidemment plus complexes. Et il est évidemment impossible de décider à l’avance quelle consultation sera inutile ; voire même à postériori : la simple réassurance d’un patient inquiet est un bénéfice. Il n’y a pas d’acte foncièrement inutile dans notre activité.
Ceci dit, nous pouvons donner des pistes au Premier Ministre … nous pouvons sans problème supprimer :
- les consultations pour remplir les dossiers d’assurances
- les consultations MDPH (révisées pour un oui ou pour un non)
- les consultations APA (du ressort des services des Conseils Départementaux)
- les consultations de non contre-indication à la danse de salon, pétanque, fitness, gymnastique volontaire, voyage scolaire, et tous les autres « certifalacon »
- les consultations motivées par le fait que les patients, qui ont soigné tout seuls leur gastro-entérite ou leur syndrome grippal, ont besoin de notre aval pour un arrêt de travail de un, deux ou trois jours. Dans de nombreux pays les arrêts courts ne nécessitent pas la signature du médecin.
- ou de même les consultations motivées uniquement par la nécessité pour les parents d’obtenir un certificat médical pour une « journée enfant malade » pour leur employeur parce qu’ils ont gardé leur enfant chez eux le temps qu’il se remette d’une affection bénigne, ou même par les exigences de certains chefs d’établissement qui exigent un certificat médical en cas d’absence scolaire, au mépris de la réglementation.
De façon générale, il suffirait d’alléger notre charge administrative pour nous redonner du temps de soin.
M. le Premier Ministre, la balle est dans votre camp.