1) La qualité germanique à la sauce grecque….
L’augmentation des « souhaits » de contrôle qualité (accréditation, Clud, Clin, Clan,Cruqpc etc.) très chronophages pour le temps médical et onéreux pour les établissements privés n’a jamais fait l’objet d’aucun financement ni de réflexions sur les répercussions du travail des soignants. Les organismes sensés contrôler le médicament et les dispositifs implantables ont depuis peu montré leur savoir-faire et l’on peut légitimement se poser la question du sérieux de l’ensemble de ces agences : sont-elles d’ailleurs accréditées elles-mêmes ? A défaut de pouvoir empêcher les escroqueries, elles parviennent pourtant sans difficultés à freiner l’innovation pertinente et honnête. La volonté de faire croire que l’on organise une permanence des soins qui n’a jamais été rémunérée pour bon nombre de spécialités de plateaux techniques lourds, mais rendue « de facto » obligatoire confirme l’existence d’une carence légale et organisationnelle. Le souhait affiché en région par les ARS de déstabiliser les quelques lignes d’astreintes libérales sans toucher aux pléthoriques lignes du service public confirme définitivement leur partialité. Le chapitre MIGAC ne sera même pas abordé… Le DMP et les sommes colossales qu’il a englouti pour le résultat que l’on connait, la FMC…la liste n’est pas exhaustive mais elle montre avec quelle performance les moyens de la santé sont utilisés.
2 ) L’abandon total des praticiens PTL de secteur 1 :
- – Avec la non-application des accords d’août 2004 signés par l’Etat et la CNAM.
- – Avec la mascarade du secteur optionnel qui devait à l’origine être proposé au secteur 1 comme pis-aller à l’interdiction qui leur est faite d’accéder au secteur 2 contournant ainsi le point 9 des accords chirurgicaux de 2004. Actuellement ce secteur optionnel est très paradoxalement et inutilement proposé aux praticiens secteur 2. Ces derniers n’ayant absolument aucune confiance, le secteur optionnel restera en l’état une coquille de noix vide.
- – Avec la sous évaluation du coût du travail médical (comparé aux autres pays développés) afin de transférer le reste à charge sur les patients et les familles.
Cette volonté de l’assurance maladie et de l’état est désormais clairement affichée. A titre d’exemple : le prix de la pose d’une prothèse totale de hanche (PTH) était de 460 euros en 1990 il est de 490 euros en 2012 soit une augmentation de 6,5% Le Monde coutait 4,50 francs en 90 il est aujourd’hui à 1,40€ soit une augmentation de 133% (si le Monde avait augmenté de 6,5% il n’existerait plus). Si la PTH avait suivi l’indice du prix de Monde elle devrait valoir aujourd’hui 1073 € (ce ne serait pas un abus car ce prix comprend la consultation pré-opératoire, l’acte chirurgical et le suivi H24 du patient pendant 15 jours, il est indiqué brut). Par rapport à l’indice des prix de 1980 la PTH a perdu la moitié de sa valeur alors que les charges ont augmenté. En 10 ans nos assurances RCP ont augmenté de 800% soit 115 fois plus que le prix de la prothèse de hanche. La prise en charge par l’assurance maladie du coût d’une PTH n’ayant plus aucun rapport avec le coût réel de la pratique, les praticiens ont recours à des compléments d’honoraires.
3) L’abandon total des patients et des familles face au dysfonctionnement des complémentaires
L’assurance maladie nous l’avons vu s’est désengagée depuis 20 ans de la prise en charge des actes chirurgicaux. Les complémentaires participent très peu au reste à charge (compléments d’honoraires) des familles alors que plus 80 % des Français en possèdent une. 5 Milliards d’euros correspondent à la somme payée inutilement chaque année par les Français pour leur complémentaire santé. Il s’agit d’un marché très lucratif qui ne souhaite pas trop attirer l’attention sur lui et préfère stigmatiser le secteur 2 comme coupable désigné des carences du système.
4) La schizophrénie d’HPST :
Vantée pour sa volonté de partenariat public-privé afin de mutualiser hommes et moyens, cette loi ne résiste pas à la dure réalité des finances du pays et de ses capacités organisationnelles (180 services de chirurgie réalisant un nombre insuffisant d’actes devaient initialement fermer….). Le déficit chronique de l’hôpital public n’est désormais plus dissimulable ni transférable. Les directeurs d’hôpitaux doivent résoudre la quadrature du cercle entre une masse salariale (créé à la demande des politiques pour résoudre les problèmes locaux de chômage) trop importante et un financement (T2A) inadapté à leur feuille de route ainsi qu’à l’héritage de gestions souvent calamiteuses.
Pour information :
- -Secteur public : 225 000 lits (60%) 1 105 000 salariés
- -Secteur privé : 149 000 lits 289 770 salariés Soins avec 60 % des actes chirurgie du pays.
L’hôpital public et les ARS ont donc déclaré une guerre ouverte au secteur libéral hospitalier afin de récupérer des « parts de marché » déstabilisant ainsi l’offre de soins déjà précaire dans beaucoup de territoires.
Conclusion :
Qui peut prétendre aujourd’hui que l’assurance maladie assure ? Pourtant elle est obligatoire.
Qui peut prétendre aujourd’hui que notre système de retraite est honnête ? Pourtant au fil des décennies, il s’est transformé en escroquerie pyramidale interprofessionnelle et intergénérationnelle.
Qui peut prétendre que la branche famille ne pénalise pas dangereusement la vitalité de nos PME et grève l’emploi dont nous avons tellement besoin.
Qui peut prétendre aujourd’hui que les complémentaires remplissent leur rôle ? Alors que plus de 80% des Français leur font confiance et découvrent après 25 ans de cotisations payées rubis sur l’ongle que leur « chirurgicale » ne prend pas en charge la chirurgie.
Nous constatons que nous sommes dans l’impossibilité politique, économique et financière de faire face la faillite de notre système de protection sociale tout simplement parce que celui-ci a été créé il y a maintenant presque 70 ans en période de forte croissance. Il a toujours été financé majoritairement par la taxation du travail.Les politiques successifs ne l’ont jamais adapté à la situation économique réelle du pays. Aujourd’hui ce système ne fonctionne plus.
Le débat désormais sort du cadre strict de la santé et toutes les forces vives du pays doivent réfléchir à cette question. Le déni n’est plus permis. Le diagnostic doit être accepté et le traitement débuté.
Francis FAROY, Chirurgien vasculaire