L’article 23 du Projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale (PLFSS 2023) vise à instaurer une 4ème année d’internat pour les futurs spécialistes en médecine générale, pour ceux qui rentreront en 3ème cycle à partir de la rentrée 2023 (donc demain en fait) et « dans des lieux agréés en pratique ambulatoire et en priorité dans les zones mentionnées au 1° de l’article L. 1434‑4 du code de la santé publique« , c’est-dire les zones caractérisées par une offre de soins insuffisante ou par des difficultés dans l’accès aux soins.
Les internes s’en sont logiquement émus et leurs organisations syndicales ont lancé un mot d’ordre de grève pour le 14 octobre 2022.
Nous ne pouvons que les soutenir dans ce mouvement.
En effet, si la 4ème année d’internat de médecine générale est une obligation européenne, les conditions dans lesquelles elle s’appliquera doivent être mûrement réfléchies.
Il est donc totalement anormal qu’elle soit mise en place par le PLFSS, qui n’a rien à voir avec l’enseignement, sans concertation avec les internes ni avec les Département Universitaires de Médecine Générale.
Un médecin en cours de professionnalisation doit avoir des conditions d’exercice sécurisées pour lui et pour les patients. Sa fonction dans le système de santé doit être clairement définie. Il ne peut être la rustine d’un système défaillant de toute part.
La normalisation des diplômes ne peut être un prétexte à générer de la main d’œuvre à bon marché. Elle nécessite au contraire de donner des moyens supplémentaires aux enseignants pour atteindre ces objectifs.
Les « zones caractérisées par une offre de soins insuffisante ou par des difficultés dans l’accès aux soins » sont par définition celles où manquent les médecins, donc les maîtres de stage universitaire, les correspondants de second recours, les ressources en imagerie, biologie ou hospitalisation.
Nous revendiquons des conditions d’enseignements dignes :
- des locaux, des enseignants, des encadrants, ceux-ci devant avoir des indemnisations nettement revalorisées ;
- des facilités de logement et de garde d’enfant ;
- et puisque c’est une année professionnalisante, des conditions financières professionnelles : un intéressement à leur activité « libérale » doit leur être proposé en plus de leur salaire d’interne.
Il n’y a que dans ces conditions que cette 4ème année d’enseignement et de professionnalisation pourra être considérée comme une avancée à la fois dans un parcours d’enseignement et dans un parcours professionnalisant.