La CNAM a présenté hier 4 mars 2021 « à la sauvette » en fin de Commission Paritaire Nationale (CPN) le récapitulatif des cotations dérogatoires COVID et de leur calendrier d’application.
ce qui amène à un certain nombre de réflexions, tant sur la forme que sur le fond.
Sur la forme d’abord, parce que ce n’est pas le plus important :
- Pour la CNAM, la CPN n’est toujours qu’un dispositif d’information et d’enregistrement, pas de discussion. Elle y informe les syndicats de SES décisions, et n’y laisse aucune place à la négociation ni même aux propositions syndicales ;
- La CNAM s’est félicité d’avoir cette fois-ci envoyé les documents préparatoires à la CPN 48 h à l’avance. Sauf que le réglement intérieur détaillé à l’annexe 23 de la Convention et qui nous a été imposé prévoit un envoi au moins 15 jours avant. Et sauf aussi que cette information n’y figurait pas. Pour être bien sûr que les syndicats ne puissent pas se concerter avant pour y opposer leurs arguments ?
- Par contre la CNAM a largement informé la presse … ce qui en dit long sur ses priorités.
Sur le fond maintenant, parce que là est l’essentiel :
Un peu de positif quand même : il est acté que les dispositions dérogatoires en EHPAD, pour les IVG et pour les patients COVID sous O2 sont valables jusqu’à la fin de l’état d’urgence sanitaire, sans date précise. C’est enfin la fin du running gag qui faisait qu’à chaque prolongation de l’état d’urgence on ne savait pas sur quel pied danser, avec des refus de paiement de certaines caisses en attendant des régularisation à postériori.
Même chose pour la fin de la dérogation au parcours de soins en téléconsultation ; le parcours de soins reste essentiel, y compris en téléconsultation. Mais il est à craindre que l’année passée ait donné beaucup de mauvaises habitudes et aiguisé l’appétit féroce des plateformes commerciales. Reste à voir comment cette disposition sera appliquée dans les faits.
On y apprend la fin définitive des consultations de prévention (C1,74) au premier juin (mais il est probable qu’à cette date il n’y aura plus beaucoup de patients éligibles) et de la téléconsultation par téléphone. Ce qui nous apprend aussi « par la bande » qu’elle est donc prolongée ! mais limitée à une par mois et par patient. Ces deux dispositions étant en attente d’un nouveau décret (il n’y a jamais que 3 semaines que la date de fin de l’état d’urgence est passée du 16/02 au 01/06 !). Dommage pour la téléconsultation par téléphone qui reste pourtant un outil indispensable dans les trop nombreuses régions mal desservies et surtout pour les bien trop nombreux patients incapables de réaliser une visio sécurisée, et qui comme par hasard sont le plus souvent justement les patients les plus fragiles, donc les plus à même d’en avoir l’utilité.
La fin du C2-V2 pour les tests antigéniques au 31/03/2021 est un coup dur pour la profession, et un non-sens économique pour la gestion de l’épidémie.
Certes l’intérêt a fortement diminué depuis l’obligation de les doubler par une PCR en cas de positivité, certains patients étant réticents à se faire prélever deux fois. Mais c’est encore très utile le week-end, ou quand les centres de prélèvements sont fermés (bien plus souvent que les Parisiens semblent le croire).
Et le service rendu reste majeur quand le test est négatif : il évite de faire des arrêts de travail inutiles, de faire rater l’école aux scolaires, et de confiner toute une famille en attendant les résultats des PCR.
Mais la réalisation des tests antigéniques est un geste à risque (de contamination), désorganise les rendez-vous puisqu’il faut attendre le résultat (15 mn dans un planning chargé, c’est très perturbant), qu’il faut les déclarer sur le service SI DEP toujours aussi mal fichu. Donc pas question de les faire gratuitement.
Plutôt que d’arrêter la prise en charge, il eût été plus judicieux de limiter les indications au diagnostic des patients symptomatiques depuis moins de 4 jours …
Et enfin la fin de la majoration MIS pour la prise en charge initiale des patients COVID également au 31/03/2021. C’est presque anecdotique, la CNAM a maintenant quasiment éjecté les libéraux du circuit.
- Nous ne recevons pas la plupart des résultats ;
- La CPAM rappelle les patients, fait les prescriptions de PCR de contrôle et de l’entourage, les arrêts de travail, fait passer les IDEL …
- Mais ne nous met absolument pas dans le circuit. Même quand il s’agit de patients à risque de forme grave.
C’en est presque insultant tant ça nie notre rôle de médecins.