Le point de vue de la FMF
La Fédération des Médecins de France remercie la FNMR pour cette tribune, permettant à notre syndicat de s’exprimer sur l’avenir de la radiologie, en particulier de la radiologie libérale et de la coordination des soins entre prescripteurs et imageurs.
Une imagerie en progrès contant et utile !
Ces dernières années, les progrès en imagerie sont incontestables et tous les jours indispensables aux autres spécialistes :
- du médecin généraliste, aux spécialistes d’organes, aux chirurgiens,
- dès les premières investigations, comme ensuite pour les examens complémentaires plus complexes,
- dans la phase diagnostic, comme dans les phases thérapeutiques et de suivi.
La conséquence est que l’imagerie, avec le poids qu’elle prend dans l’enveloppe financière de la CCAM technique (environ la moitié), devient un levier « d’économie ».
Toute baisse tarifaire à des conséquences significatives sur les « comptes » ! La politque du directeur de l UNCAM en est malheureusemnt le triste exemple avec une véritable spoliation de 800 millions d’euros depuis 2007 sans pour autant, malgré les discours officiels, se traduire par un transfert financier vers les autres diciplines médicales.
» Déshabiller Paul pour ne pas habiller Pierre » n’a pas été et ne sera pas cautionné par la FMF !
L’autre argument avancé pour baisser ces cotations est le revenu du radiologue libéral ! Si les revenus moyens des radiologues libéraux les mettent « en tête » des revenus des médecins libéraux, ils ne sont qu’au niveau des revenus des confrères spécialistes européens.
La FMF demande bien une revalorisation des médecins libéraux, un rattrapage des revalorisations des actes cliniques et techniques par un réel investissement vers la médecine libérale, et non une politique de nivellement des revenus par le bas.
La FMF sait bien que derrière les chiffres d’affaires, se cachent des entreprises libérales :
- employeurs de personnels assurant une vraie délégation de tâche,
- qui font des investissements conséquents pour assurer un renouvellement de matériels afin de suivre l’évolution technologique, garante de la qualité de l’imagerie.
- qui utilisent du « temps médical » important dans la réalisation et l’interprétation de l’imagerie moderne.
Revenons à l’avenir !
Le clinicien a besoin d’un accès à une imagerie de qualité, adaptée aux problèmes de son patient. Les difficultés du diagnostic rendent incontournables de conjuguer le sens clinique et les technologies par une coordination clinicien radiologue, pour déterminer les stratégies les plus efficientes pour chaque patient.
Cela permettra d’éviter des actes multiples et inadaptés sources de dépenses inutiles. D’où l’intérêt de favoriser une FMC interprofessionnelle, pour permettre des échanges de qualité entre les différents professionnels concernés.
Pour la FMF, si les recommandations établies par les Sociétés Savantes sont des guides, elles n’ont pas la même efficience que des procédures adaptées mises au point après échanges et concertation des différents acteurs du territoire de santé.
La rémunération de ces actes coordonnés n’est pas possible actuellement par le seul paiement à l‘acte.
C’est l’esprit du concept des pôles de santé, porté par la FMF dans les textes de loi, avec des projets de santé, une concertation pour une prise en charge adaptée, pluridisciplinaire, autour des pathologies chroniques établis par les acteurs du terrain. Dans une telle organisation le radiologique de proximité a toute sa place.
Il est donc primordial de maintenir un maillage cohérent de l’accès à l’imagerie qui couvre tout le territoire.
Pour la FMF, le danger est de détruire les équilibres économiques par une politique « du moins » disant comptable. Ceux sont ces équilibres qui permettent la survie des structures radiologiques de proximité. Ceux sont ces équilibres qui favorisent la pérennité de plateau d’imagerie lourde, garantissant un acces aux soins pour tous dans un périmètre spatial et temporel satisfaisant.
Les progrès de la numérisation, de la communication permettent la réalisation de l’imagerie en ligne, de la télémédecine. Certains vont jusqu’à imaginer des « délocalisations » avec des centres de traitements d’imagerie medicale » low cost » !
Pour les cliniciens de la FMF, les limites de ces dématérialisations sont sur le plan pratique :
- la difficulté pour récupérer les images sur leur poste de travail, notamment au bloc opératoire
- les limites de disponibité en ligne, avec des archivages peu accessibles pour le suivi et la comparaison d’imagerie.
- surtout la qualité de l’interprétation.
Si un cliché standard peut facilement être lu et interprété par le clinicien, l’imagerie moderne plus complexe nécessite la » valeur ajoutée » indispensable, qu’est l’interprétation du radiologue. S’il peut récupérer des lots d’images sur son poste, le clinicien n’a pas forcément, ni le temps, ni la compétence pour les traiter au maximum des possibilités techniques. Par conséquent, son interprétation même experte ne peut que se confronter avec celle du radiologue, et non la remplacer.
Une médecine libérale facteur de croissance !
La médecine libérale pourvu qu’on le « décide » est facteur de développement, créateur d’emploi et de structuration territoriale.
La FMF appelle donc les politiques à un changement de perception de l’ensemble de la médecine libérale. La médecine libérale doit dorénavant être considérée comme une valeur positive de la croissance, et non comme une « fossoyeuse » des comptes sociaux.
La FMF demande un véritable plan Marshal pour la médecine libérale avec trois volets :
- la réaffirmation des missions de la médecine libérale dans l’organisation des soins, qui ne soient pas limitées au premier recours,
- une refonte du statut social libéral pour être plus attractif en particulier par rapport au salariat
- une politique financière d’investissement en matériel et en humain permettant la mise en œuvre de ces missions, tout en restant propriétaire de son outil de travail.
Sans cette volonté de réorganisation et les moyens nécessaires à sa mise en œuvre, la médecine libérale, ouverte à tous et efficiente, disparaîtra, au bénéfice d’une médecine ultra libérale, performante, de niche, « lucrative » d’une part, et d’autre part d’une médecine publique « d’assistanat », non efficiente et démobilisatrice pour les acteurs de santé.
Le maintien d’une radiologie de proximité et de complexité graduée est indispensable à la cohérence d’une médecine libérale de qualité et ouverte à tous.
Reste à convaincre ENSEMBLE les acteurs « politique » de la santé !
Benoît FEGER
Président de la FMF Union spécialistes