Chers amis,
Cette fin d’année 2021 voit éclore tout un festival de mesures ou préconisations pour les libéraux, toutes aussi vexatoires qu’inutiles. Prenez une grande bouffée de bonne humeur avant de me lire.
Comme chaque année au moment de voter le Projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale (PLFSS), les députés et sénateurs rivalisent d’idées saugrenues pour contraindre les médecins libéraux à s’installer dans LEUR ville, chacun pensant que le voisin est beaucoup mieux loti que lui en offre de soins. La palme 2021 revient aux sénateurs qui voudraient obliger les jeunes médecins à exercer, qui 6 mois, qui 2 ans, en zone rurale pour pouvoir être conventionnés. Cela ne concerne que les médecins libéraux évidemment. Voilà la médecine qu’ils veulent proposer à leurs administrés : des médecins encore inexpérimentés, venus à contrecoeur endurer ce qui sera considéré comme un purgatoire, et qui changeront tous les 6 mois. Quel mépris, à la fois pour les médecins, à la fois pour la population. Heureusement cet amendement a encore été rejeté. Mais jusqu’à quand ?
Et au cas où les jeunes utopistes n’auraient pas compris, la Direction Générale de la Santé (DGS) en remet une couche dans son message du 17/11/2021. Prévoyant que l’hiver sera rude pour les médecins (eux, ils disent soignants) hospitaliers, le gouvernement envisage de demander des renforts aux libéraux, essentiellement les généralistes, par réquisitions si nécessaire. Logique. Les hospitaliers étant limités à 48H maximum de travail hebdomadaire, on va rechercher les libéraux qui avoisinent les 55heures voire plus pour ceux qui vont aider à la vaccination. Mais c’est bien connu, nous on ne travaille pas « vraiment », on fait juste du chiffre.
Après les sénateurs, le Ministère, voici l’Assurance-Maladie qui nous veut du bien. Je vous avais décrit en détail la procédure à suivre pour les médecins qui voulaient contester la reprise par les CPAM d’une partie de leur DIPA (Dispositif d’Indemnisation pour Perte d’Activité). Beaucoup l’ont fait, via la Cellule Juridique de la FMF, mais ont constaté que nonobstant leur interdiction de prendre les soi-disant « indus » sur les tiers-payants, la CPAM se servait. Alors que le recours est toujours en cours. Notre responsable Marcel Garrigou-Grandchamp a dû contacter M. Fatôme lui-même (Directeur de l’Assurance-Maladie) qui a immédiatement fait cesser cette dérive. Si vous avez envoyé votre courrier à la Commission de Recours Amiable (CRA), surveillez bien votre compte et faites-nous remonter d’éventuelles reprises illégales d’indus.
Et pour finir dans les attaques, l’inénarrable Agence Nationale pour le DPC (ANDPC) a décidé unilatéralement que les remplaçants n’avaient plus le droit d’accéder aux formations DPC. Motif : ils ne seraient pas conventionnés. Et non seulement ils en sont exclus, mais ils devaient rembourser la totalité des indemnités perçues en 2021. Ainsi que les organismes qui leur avaient délivré lesdites formations. Je rappelle que les inscriptions avaient été validées par l’ANDPC, sans cacher le statut de remplaçant, et payées par la même ANDPC. Grâce à l’action conjointe des syndicats de remplaçants et de médecins installés, notamment de la FMF, l’interdiction ne prend place qu’à partir de 2022 et aucun remboursement n’est exigé. C’est une méthode habituelle : menacer du pire pour faire accepter l’inacceptable. Cette petite crise a cependant le mérite de faire se poser la question : un remplaçant est-il conventionné ou non ? Car les conséquences vont bien au-delà de la formation.
Cela nous amène vers la grande question qui semble agiter le Ministère de la Santé actuellement : les médecins (et plus généralement les professionnels de santé) français sont-ils compétents ? Il faut croire que non, puisque le gouvernement a décidé de légiférer en urgence (un décret doit paraître au 1er trimestre 2022) sur leur certification. Une ordonnance est déjà parue en juillet, qui porte bien son nom puisqu’elle ordonne que tous les médecins soient certifiés tous les 6 ans à compter du 1er janvier 2023, avec une tolérance de 9 ans pour la 1ère échéance pour les médecins déjà installés. Des pseudo négociations sont en cours (grand-messes de 1H30 pour 120 personnes en visio-conférence), qui portent surtout sur la gouvernance et un peu sur le contenu. On a réussi à éviter que seul le suivi de programmes DPC soit pris en compte. Mais avec cette emprise totale de l’Etat sur notre formation, celle-ci va devenir une corvée au lieu de rester un moment de plaisir. Et le chat se mord la queue : les remplaçants auront l’obligation de se former, mais l’ANDPC leur interdit l’accès à toute une partie de la Formation Médicale Continue. On appelle ça des injonctions contradictoires.
J’espère ne pas vous avoir démoralisés. Dites-vous que tous ces gens qui nous veulent du bien passent. Nous, nous restons, solides auprès de nos patients et encore respectés de nos concitoyens.
Et puisque je parlais formations, j’informe les médecins généralistes qui pratiquent l’échographie à leur cabinet (vous êtes sont nombreux je sais), ou qui envisagent de le faire, que l’A2FM organise du 3 au 5 février à Paris (Beffroi de Montrouge) un congrès d’échoclinique avec de nombreux ateliers de formations. Venez y initier, vous renforcer, et dans tous les cas y rencontrer les confrères qui utilisent cet outil.
Je vous souhaite une bonne semaine.