Chers
amis,
- La
nouvelle est arrivée ce matin : nos
députés ont voté l’application du tiers-payant
généralisé. 23 pour, 12 contre. 35
députés seulement pour entrerrer la médecine libérale.
Certes, le vote définitif en assemblée plénière n’aura
lieu que la semaine prochaine, mais il suit toujours les
consignes des députés »spécialisés ». Ils ont voté pour,
malgré la contestation unanime de tous les syndicats de
médecins libéraux. Malgré les 40 000 médecins dans la
rue le 15 mars. Malgré même l’opposition
de certains élus socialistes. Les raisons nous
dépassent, comme vous pouvez le voir sur cette
excellente analyse
de Christian Lehmann, qui pointe l’emprise du
monde des complémentaires sur toutes les décisions de
santé depuis des années. Ou sur ce « roman-photo »
décrivant les enjeux politiques actuels. Vous voulez
connaître le nom de ces députés assassins : consultez ce
très court rapport
de la session de vote.
- Et
comme si cela ne suffisait pas, nous apprenons ce soir
le rejet
de l’amendement prévoyant le remboursement unique par
l’Assurance Maladie. Les complémentaires ont
gagné sur toute la ligne : adhésion obligatoire de tous
les salariés, accès aux données de santé via les
cotations lors de la demande de paiement par les
médecins, pression sur les prescriptions en échange du
paiement des actes. La boucle est bouclée. Concrètement,
cela signifie pour le médecin qu’avant tout chose, il
devra vérifier 1) les droits des patients à l’Assurance
Maladie, et à quelle Caisse, 2) les droits à la
complémentaire, et laquelle des 400 possibles, 3)
l’autorisation de prélèvement des franchises. Ensuite,
s’il lui reste encore un peu de temps, il pourra
accessoirement s’occuper du problème de santé qui motive
la consultation.
- Le
bon côté des choses, c’est que cette
nouvelle va sans doute resouder le front syndical,
qui avait semblé se fissurer. Le journal Libération
avait en effet annoncé la satisfaction du syndicat
MG-France sur l’évolution des discussions ; qui ne
demandait maintenant que le droit d’appliquer la MPC
pour les spécialistes en médecine générale (soit la
moitié des généralistes). Nous espérons que le vote de
ce jour va les réveiller ! Les internes de l’ISNAR-IMG
par contre avaient appelé à la poursuite de la grève
illimitée dans les hôpitaux. Quant
à la FMF, elle n’a jamais baissé les bras, ne
croyant pas une seconde à la bonne volonté de notre
Ministre MariSol Touraine, et son Assemblée Générale
avait proposé de pratiquer
largement le DE, comme la Convention nous y
autorise. C’est le moment de le mettre en application,
selon des modalités
sures pour ne pas être inquiétés par les Caisses.
Et sa « chorale »
a martelé son refus du tiers-payant généralisé.
Bien-entendu, la grève
de la télétransmission est plus que jamais à l’ordre
du jour. Nous vous rappelons que nous pouvons
vous fournir des feuilles de soins papier, pour 20 euros
les 500 feuilles (gratuit pour les adhérents).
- Il
reste maintenant à voter
les articles concernant le secret médical. Le
projet de loi prévoit l’accès aux données nominatives à
visée de recherche, y compris pour les entreprises
lucratives (entendez, l’industrie pharmaceutique), et le
« droit à l’oubli » (de pathologies graves mais guéries)
pour les assurances, en contre-partie d’accès aux
données médicales, comme s’en félicite
Etienne Caniard, président de la Mutualité.
- Que
pouvons-nous encore faire ? Interpeller nos
députés, et surtout nos sénateurs qui vont voter en
deuxième intention.
- Et
pourquoi pas, envisager
le déconventionnement ? Le tiers-payant
de la part obligatoire ne portera que sur 50 centimes
d’euros. Le reste sera à charge des complémentaires. Ou
de l’assuré-patient, qui verra bien alors qu’il n’est
pas si bien assuré que ça, malgré des
cotisations-maladie de toute une vie et des primes de
complémentaires qui ne cessent d’augmenter.
Je vous souhaite malgré tout une bonne fin de semaine.
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