Dans l’avalanche des textes réglementaires qui déferle tous les jours, un tout petit décret de quelques lignes vient « préciser » la place des centres de vaccination dans la stratégie de vaccination « de masse » contre le SARS-CoV-2.
Que peut-on y lire ?
La vaccination peut être assurée dans des centres désignés à cet effet par le représentant de l’Etat dans le département, après avis du directeur général de l’agence régionale de santé. Ces centres peuvent être approvisionnés en vaccins par les pharmaciens d’officine et, par dérogation aux dispositions du I de l’article L. 5126 du code de la santé publique, par les pharmacies à usage intérieur.
Il faudra donc pour pouvoir mettre en place un centre de vaccination une autorisation préalable du Préfet et du directeur de l’ARS.
En soi ça peut sembler bénin et de bon sens : il faut assurer une vaccination efficace, et donc une distribution des vaccins efficace avec le moins de pertes possible.
Il faut cependant espérer que préfets et ARS auront appris de la première crise du printemps, pendant laquelle de nombreux centres COVID se sont montés, le plus souvent en dehors de tout cadre officiel, l’administration semblant à cette époque paralysée et engluée dans des procédures compliquées, et qu’ils mettront en place des procédures ultra-simplifiées d’homologation. Les maires et les professionnels de santé sont prêts de leur côté.
L’administration possède en effet cette fois-ci l’arme absolue pour empêcher des déploiements « sauvages ». Pas d’homologation, pas de possibilité d’approvisionnement en vaccins. Pas de vaccins, pas de vaccinations.
Pourtant la logistique pour monter un centre de vaccination est relativement légère, et permet donc un déploiement rapide.
De quoi a-t-on besoin ?
- D’un local ;
- De tables et de chaises, éventuellement d’un brancard en cas de malaise d’un patient, de paravents pour établir un minimum de confidentialité ;
- D’un réfrigérateur ;
- D’une structure informatique avec un accès internet ;
- De personnel d’accueil pour gérer les rendez-vous, l’accueil, le recueil des renseignements administratifs ;
- D’au moins un médecin avec une CPS ou une e-CPS, pour l’entretien prévaccinal, la recherche des contre-indications dont la liste se réduit rapidement au cours du temps, et ensuite les déclarations SIVAC ;
- De personnel de santé capable de reconstituer les vaccins dans les règles et de faire une injection intra-musculaire ;
- D’un espace de surveillance pendant 15 à 30 minutes après la vaccination.
Tout ça est facile à mettre en place rapidement … si les tutelles ne freinent pas des 4 fers, ou ne font pas de résistance passive.
Resteront ensuite à régler les problèmes « annexes » :
- Responsabilité et couverture assurantielle des intervenants ;
- Rémunération des intervenants non-professionnels de santé ;
- Remboursement éventuel des frais de la structure.
Le point 1 est un préalable évident à toute mise en place. Les points 2 et 3 peuvent se régler ultérieurement.
Si la France veut véritablement s’engager dans un processus de vaccination massive, l’administration se doit d’être facilitatrice.
Nous ne doutons pas qu’elle sera à la hauteur de cette mission.