La ROSP est souvent décriée.
Un travail de réflexion est actuellement porté par le CMG (Collège de Médecine Générale) à son sujet, et le CMG a demandé à la FMF-UG d’identifier les attentes des médecins et de proposer des pistes d’amélioration.
Nous avons donc proposé un bref sondage de 4 questions aux médecins par le biais de l’UG-Zapping de décembre 2020, et un sondage de 23 questions aux 43 médecins du comité directeur de la FMF-UG.
Et globalement, nous assistons à un rejet massif de la ROSP, qui n’est au mieux pour les médecins qu’une compensation déguisée de la faiblesse de la rémunération, non pertinente pour la prise en charge des patients, difficile à comprendre et totalement déconnectée de la réalité du terrain.
Les médecins impliqués dans la vie syndicale sont probablement davantage informés sur le contenu de la ROSP. Après avoir décrypté les 28 pages du mode d’emploi (modifié chaque année), ils semblent davantage convaincus de l’inutilité et de la supercherie du modèle.
L’ensemble des médecins concernés s’accorde pour considérer que le paiement au forfait ROSP est un complément juste et nécessaire pour compenser la trop faible valeur du paiement à l’acte.
D’ailleurs, 5 médecins parmi le groupe CD UG ont volontairement refusé de répondre au questionnaire car ils ont refusé d’adhérer à la ROSP. Un ministre de la santé l’avait d’ailleurs précisé il y a quelques années, la vraie valeur du G est autour de 33 euros en incluant les forfaits.
Une question revient régulièrement sur les forums : Quelle légitimité pour le paiement au forfait ?
Doit-on privilégier le paiement à l’acte avec un G juste évalué aujourd’hui entre 40 et 46 euros, ou doit-on développer le paiement au forfait ? Si l’on en croit nos sondages, la réponse est claire.
Quelles sont les questions qui font consensus ? Elles recueillent plus de 80% de votes
La ROSP – Rémunération sur Objectifs de Santé Publique – porte bien mal son nom !
Il faut soit la renommer RO – Rémunération sur Objectifs (de la CNAM)
Soit poursuivre avec cette idée qu’elle puisse servir la santé publique et dans cette éventualité, corriger la copie car, à l’évidence, les décisions technocratiques fixant unilatéralement le contenu de la ROSP sont déconnectées du terrain et inadaptées. La ROSP n’a que très peu de lien avec les enjeux de santé publique et globalement elle n’améliore pas la qualité de prise en charge des patients.
Certains items sont dépassés et inappropriés. Ils pénalisent le praticien alors qu’il n’a pas d’influence sur leur réalisation. Les indicateurs devraient probablement être moins nombreux et plus judicieusement choisis, avec de vrais objectifs en termes d’amélioration de la santé publique.
Il semble urgent et indispensable de reconnaitre le véritable investissement du médecin pour améliorer la santé publique de ses concitoyens avec une valorisation de la participation aux soins non programmés, la valorisation de la file active, la valorisation de l’accueil et de la formation des étudiants en médecine.
Pour lui permettre de travailler dans de bonnes conditions pour garantir la qualité et la sécurité de ses prises en charge, il semble indispensable et urgent de « doper » le forfait structure pour faciliter l’embauche de secrétaire médicale afin de gérer au maximum les contraintes administratives qui phagocytent le temps médical. Dans ce cadre, l’exercice en solo, hors ESP ou CPTS ou MSP, ne doit en aucun cas être pénalisé. Il doit être accompagné localement avec l’espoir et l’objectif de le développer.
Dans le contexte actuel très particulier de crise sanitaire de cette année, il semble également urgent et nécessaire de ne pas considérer les indicateurs impactés par la Covid, ou bien de les geler avec les chiffres 2019.
Pour conclure :
Cette ROSP en l’état n’a donc aucune légitimité ni dans sa dénomination, ni dans sa consistance, ni dans son fonctionnement. Elle n’est vécue par les praticiens que comme une compensation financière liée à la très faible valeur du paiement à l’acte. Autant d’investissement en temps et en énergie de la Caisse pour aussi peu de résultat au final, c’est triste.
Quel gâchis, l’idée initiale était plutôt intéressante.
Peut-être faudrait-il confier son élaboration à des effecteurs de terrain et non à des technocrates issus de HEC ou de l’ENA ?
Résultats du sondage 1 – 214 réponses
Oui | Non | Ne sait pas | |
---|---|---|---|
La ROSP améliore la qualité de prise en charge de vos patients | 9,3% | 80,9% | 9,8% |
La ROSP est uniquement un complément de revenus compensant le blocage du G | 83,3% | 9,3% | 7,4% |
La ROSP est incompréhensible | 75,8% | 19,1% | 5,1% |
La ROSP est déconnectée de la réalité médicale | 86,4% | 10,3% | 3,3% |
Résultats du sondage 2 – 24 réponses
Oui | Non | |
---|---|---|
La ROSP est incompréhensible | 68% | 20% |
La ROSP est déconnectée de la réalité du terrain | 92% | 4% |
La ROSP améliore la qualité de prise en charge de mes patients | 0% | 100% |
Je veux diminuer le nombre d’indicateurs de 29 à seulement 5 pour plus de lisibilité | 64% | 8% |
La ROSP est uniquement un complément de revenus compensant le blocage du G | 84% | 16% |
La ROSP enfant est inadaptée | 88% | 4% |
Il faut dynamiser le forfait structure pour permettre aux médecins de travailler dans de bonnes conditions | 92% | 0% |
Ma file active doit être valorisée pour permettre de reconnaitre mon investissement dans les soins non programmés | 80% | 4% |
Les indicateurs qui ne dépendent pas de mon activité doivent être supprimés (HBA1C, MicroAlb, FO, Mammo, dépistage CCR, FCV, vaccin grippe) | 80% | 8% |
Les indicateurs affectés par le COVID doivent être supprimés (taux hypnotiques et BZD, Taux ATB, EFR chez l’enfant, taux de télétransmission) | 92% | 4% |
Les prescriptions de médicaments dans le répertoire n’ont aucun rapport avec la santé publique | 72% | 12% |
Je remplis les items déclaratifs avec des chiffres fantaisistes | 55% | 36% |
La patientèle ne doit être prise en compte que dans le forfait patientèle et ne doit pas pondérer la ROSP clinique | 52% | 32% |
En santé publique, la qualité prime sur la quantité. Le forfait patientèle doit être abandonné au profit du forfait structure | 64% | 20% |
Il faut valoriser la présence d’un secrétariat médicale en présentiel | 88% | 20% |
Le taux de télétransmission des FSE et la dématérialisation des protocoles n’ont aucun rapport avec la santé publique, il faut les supprimer du F. Structure | 64% | 16% |
Il faut valoriser l’accueil des internes en stage niveau 1 et SASPAS | 88% | 4% |
Il faut valoriser la participation aux soins non programmés | 88% | 4% |
L’exercice isolé hors des CPTS et MSP doit être pénalisé | 4% | 96% |
Il faut valoriser l’investissement dans un hôpital de proximité avec un temps de salariat | 32% | 52% |
Le médecin devrait pouvoir choisir un profil correspondant à sa pratique (JUNIOR, SENIOR, PEDIATRIE GYNECO) | 60% | 20% |
Pour améliorer mes indicateurs, je veux que la CPAM me communique une liste des patients hors objectifs | 52% | 28% |
Il faut valoriser les interventions brèves centrées sur le tabac et l’alcool avec distribution de supports d’information | 68% | 20% |
ANALYSE COMPARÉE DES 2 SONDAGES
Si l’on compare les 2 sondages
La ROSP |
215 | 25 médecins CD FMF UG |
---|---|---|
N’améliore pas la qualité de prise en charge de mes patients | 81% | 100% |
Est uniquement un complément de revenus compensant la faible valeur du G | 83% | 84% |
Est incompréhensible | 76% | 68% |
Est déconnectée de la réalité du terrain | 86% | 92% |