La CNAM s’est récemment émue du peu d’utilisation par les médecins libéraux du dispositif ContactCovid d’EspacePro.
Pourtant les raisons en sont assez simples et totalement structurelles :
1- La fiche ContactCovid n’est accessible qu’au seul médecin qui a ouvert la fiche.
En pratique, comme les laboratoires d’analyse médicale sont tenus de déclarer sur le dispositif SI-DEP toutes les PCR positives, la CPAM est automatiquement tenue au courant rapidement et ce sont les médecins conseil qui ouvrent la fiche. Ce qui interdit la cotation GS+ MIS ou TCG+MIS au médecin traitant.
L’URPS Grand-Est a levé ce lièvre et posé la question à la CNAM. Elle attend la réponse avec un grand intérêt. Et nous aussi !
Le résultat du test est envoyé en parallèle sur SI-DEP auquel les médecins conseils ont accès.
Lorsque le médecin conseil constate un cas positif dont la fiche Contact-Covid n’a pas encore été ouverte par le médecin traitant, il procède lui-même à son ouverture, qui déclenche l’appel des patients pour l’enquête cas-contact par les délégués de l’Assurance Maladie.
ATTENTION : une fois que le médecin conseil a ouvert la fiche Contact-Covid, le médecin traitant ne peut plus y accéder pour renseigner les contacts du patient. Pour garder la main, il est essentiel se sensibiliser vos patients au fait qu’ils doivent vous contacter très rapidement en cas de dépistage positif.
La question de la cotation de la consultation d’annonce (G+MIS) dans le cas où c’est le médecin conseil qui a ouvert la fiche Contact-Covid se pose. Nous attendons un retour de l’Assurance maladie à ce sujet, et avons émis le souhait que l’accès à Contact-Covid reste ouvert au médecin traitant même a posteriori.
La solution serait évidemment d’ouvrir une fiche pour tous les cas suspects, dès la première consultation, pour pouvoir les valider en cas de PCR positive.
Sauf que la proportion de cas réellement positifs parmi les cas suspects est encore très largement inférieure à 10%. Les médecins libéraux ont mieux à faire de leur temps que d’ouvrir des fiches COVID (ce qui n’est pas si rapide que la CNAM voudrait bien le faire croire) dont plus de 90 % seront finalement inutiles. Les médecins-conseil ont, eux, du personnel de secrétariat pour ce travail.
2 – Très souvent les médecins traitants ne reçoivent pas les résultats des PCR
En particulier quand la PCR est le résultat d’une campagne de dépistage de l’ARS, ou d’une prescription par la CPAM pour un cas contact d’un patient PCR positif, le numéro ADELI figurant sur le résultat biologique (toujours le même en tout cas chez moi) est tout, sauf un ADELI de libéral. Probablement un numéro « générique » représentant le pool des médecins-conseil …
Nous sommes donc forcément hors circuit.
3 – les remplaçants n’ont pas accès à EspacePro
Et donc par voie de conséquence ils n’ont donc pas accès non plus à ContactCovid. A moins d’utiliser la CPS du médecin remplacé ou ses identifiants, ce qui est formellement interdit.
Et d’autant plus idiots que les secrétaires, avec leur CPE, ont elles parfaitement accès !
Et comme l’outil ContactCovid est utilisé depuis juin, fatalement les médecins ont été en vacances pendant cette période … mais les remplaçants n’ont pas pu remplir les dossiers.
Donc en conclusion ContactCovid est certes probablement sous-utilisé par les libéraux … mais parce que l’outil n’est pas pensé pour les libéraux.
Si la CNAM veut que nous l’utilisions plus et mieux, la balle est dans son camp pour améliorer cet outil.