La situation des hôpitaux des Collectivités territoriales Guyane et Martinique et du département de la Guadeloupe est particulièrement préoccupante. Et bien entendu cette situation impacte très péjorativement notre situation sanitaire : pénurie de médecins, accès aux soins difficiles, urgences surpeuplées…
Nous, médecins libéraux, sommes solidaires de nos populations et de nos confrères hospitaliers.
Cependant les fausses solutions n’ont jamais constitué une réponse à un vrai problème.
L’absence de réponse apportée à des problèmes maintes fois évoqués (considération des internes, zones franches, actes techniques non valorisés…) est la première cause de la faible attractivité de nos territoires.
Le numerus clausus étriqué maintenu à des niveaux ridicules pendant des décennies a écarté de nos îles des jeunes motivés et compétents au fil des ans.
Ces deux réalités ont contribué à faire de nos territoires des zones fragiles au plan de la démographie médicale.
Nous, médecins libéraux, sommes favorables à la recherche de toutes les solutions à cette situation de crise. Mais sans concession sur la qualité des soins à apporter à nos concitoyens, sans déroger à l’exigence de compétences validées dans le cadre national, sans brader les règles appliquées dans les territoires de l’hexagone ou de l’Océan Indien.
La vraie réponse consiste avant tout à restaurer les conditions favorables à l’installation des médecins de l’Union européenne, à rendre les territoires attractifs et à créer des conditions économiquement favorables pour renforcer nos territoires fragiles.
Il s’agit de travailler en amont de l’hôpital – tout en permettant à la médecine de ville de proposer un aval qualitativement efficient et sécurisant.
La restauration de la confiance, la sécurisation de l’exercice, qu’il soit hospitalier ou libéral, sont de vraies réponses à notre démographie médicale en crise, Il y a urgence à agir et à travailler à ces vraies réponses.
Le Sénat a récemment adopté un amendement au projet de loi de Santé visant à faire venir des praticiens cubains pour pallier nos manques. Il s’agit d’une contre vérité. En réalité il s’agit d’accueillir des praticiens titulaires d’un diplôme hors Union Européenne.
Encore faut-il pouvoir s’assurer des compétences des praticiens qui seront recrutés et on sait bien quels problèmes se posent en Guyane aujourd’hui.
Ne perdons pas non plus de vue que ce dispositif va induire une concurrence entre nos territoires. Ce sera bien entendu au détriment de celui qui sera le moins attractif et dont les problèmes se trouveront majorés.
De plus qui se souciera du devenir de ces professionnels au terme de leur contrat ? L’histoire, douloureuse des Praticiens Adjoints Contractuels, devrait éclairer nos choix.
Nous restons vigilants et disponibles pour contribuer à l’élaboration de vraies réponses à nos problèmes, pour offrir des soins de qualité à nos concitoyens.
Anne CRIQUET-HAYOT
Présidente de l’URML Martinique
anne.criquet-hayot@urml-m.org
Zac de Rivière Roche
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