Même si les médecins français sont parmi les plus mal lotis en Europe en matière de personnel salarié avec 0,3 ETP (équivalent temps plein) par médecin, à raison de 100000 médecins libéraux cela représente tout de même 30000 emplois salariés.
Autant dire que les médecins n’ont donc pas attendu les négociations sur l’avenant 7 pour se faire assister.
A titre d’exemple, nous employons depuis 22 ans avec mon associée une secrétaire qui :
- Fait l’interface entre les patients et nous
- crée les dossiers avec la carte vitale
- ouvre les DMP
- répond au téléphone
- donne les rendez-vous en fonction des pathologies
- appelle les correspondants pour obtenir des rendez-vous
- récupère à droite et à gauche les biologies et les compte-rendus que les hôpitaux « oublient » d’envoyer
- appelle les infirmières et les transporteurs
- organise certains parcours de soins complexes
- rappelle aux parents les échéances des examens obligatoires des 9ème et 24ème mois
- décrypte les situations sociales compliquées
- scanne les courriers reçus
- les range dans les dossiers avec un titrage « ad hoc »
bref fait tout le travail qu’une assistante « administrative » doit faire selon la CNAM :
- des tâches de nature administrative : ces tâches consistent en des missions sans lien direct avec le soin, comme par exemple : l’accueil du patient, la création et la gestion du dossier informatique du patient, le recueil et l’enregistrement des informations administratives et médicales, l’accompagnement de la mise en place de la télémédecine au sein du cabinet, etc.
- des missions d’organisation et de coordination : les assistants médicaux peuvent remplir une mission de coordination notamment avec les autres acteurs intervenant dans la prise en charge des patients
Il est d’ailleurs évident quand elle est en vacances et que ce travail nous revient que la prise en charge des patients en pâtit, que nous devons limiter notre activité médicale pour pouvoir faire face, et que notre confort de travail diminue nettement
La logique voudrait évidemment que je puisse effectivement transformer son poste en poste d’assistante médicale, la passer à temps plein (elle ne fait actuellement « que » 30 heures hebdomadaires), l’augmenter, et bénéficier de l’aide de la CPAM pour tout ça : un contrat « gagnant-gagnant ». Surtout que nous exerçons en zone d’intervention prioritaire.
Mais ce serait bien trop facile (en dehors de l’obligation d’augmenter la patientèle qui me semble assez problématique) et la CNAM a par avance interdit cette possibilité :
➢ Caractère non substitutif du poste d’assistant médical
Dans le cas où l’assistant médical serait déjà employé par l’un ou plusieurs des médecins (par exemple en occupant déjà un poste de secrétaire médicale), le financement de l’Assurance Maladie sera conditionné au remplacement du salarié dans sa fonction antérieure dans les 6 mois suivant la prise de fonction comme assistant médical.
Donc tous ceux qui comme nous ont décidé depuis souvent des années d’embaucher pour plus de confort de travail et donc une meilleure prise en charge des patients seront punis d’avoir eu raison trop tôt.
Et que dire du cas de notre confrère de la région parisienne qui s’est retrouvé en garde à vue 36 h pour « exercice illégal de la médecine » au motif qu’il travaille justement avec des assistant.e.s qui accueillent les patients, les déshabillent, les pèsent, les mesurent, prennent leur tension et préparent le dossier médical. Ce qui est justement la mission que l’avenant 7 assigne au volet plus médical des assistants !
Décidément notre pays marche sur la tête, et on y a toujours tort d’avoir raison trop tôt.