Chers amis,
L’été se termine et il est temps de faire le point sur ce qui s’est passé au cours de ces deux derniers mois. Pas grand-chose, je vous rassure.
Un avenant 6 vient de paraître au Journal officiel, complémentaire au précédent sur la télémédecine. Totalement indigeste, je vous conseille de rester sur vos lectures de vacances. Il traite du forfait structure que vous avez reçu en juin. Il rappelle les pré-requis indispensables : avoir un Logiciel d’Aide à la Prescription (LAP), utiliser une messagerie sécurisée, télétransmettre plus des 2/3 de feuilles de soins, avoir un logiciel de facturation à jour, afficher ses horaires en salle d’attente et sur Ameli. Le tout pour 1 225 euros maxi. On peut avoir un bonus de 525 euros avec quelques actions diverses (utiliser les téléservices de la Caisse, faire partie d’une organisation territoriale, …). Bref, beaucoup d’engagements pour des montants dérisoires. A la base, il était destiné à faciliter notre exercice pour déléguer les tâches administratives. On pouvait penser naïvement qu’il s’agirait d’une aide à l’embauche d’une secrétaire. Non, non, c’est juste une petite subvention pour les factures de nos « chers » éditeurs de logiciels. L’avenant égrène aussi des pages sur les tarifs de la CCAM technique, de la NGAP (Nomenclature Générale des Actes Professionnels), et des indicateurs des ROSP (Rémunération sur Objectifs de Santé Publique).
Puisqu’on parle forfait, les généralistes vont bientôt recevoir le Forfait Patientèle Médecin Traitant (FPMT), plus conséquent puisqu’il recouvre les 5 euros par patient (6 euros pour les moins de 6 ans), les forfaits ALD de 42 euros (70 euros pour les plus de 80 ans) et personnes âgées hors ALD (42 euros). Vous avez déjà reçu le quart en avril, vous aurez la même chose en septembre et novembre, et le solde en mars 2019 (voir calendrier des forfaits).
L’autre décret paru cet été concerne les procédures MSAP (Mise Sous Accord Préalable) ou MSO (Mise Sous Objectif). Il stipule que les médecins seront ciblés selon le nombre de leurs prescriptions, rapporté au taux moyen régional, mais fait nouveau, aussi selon les montants déboursés par les Caisses. Sachant que le principal motif de poursuite est la prescription d’arrêts de travail, cela signifie qu’il nous faudrait connaître les salaires de nos patients pour sélectionner ceux à plus faibles revenus et donc plus faibles indemnisations en Indemnités Journalières (IJ). Je vous rappelle de toujours REFUSER la MSO, qui vous fait prendre des risques et décharge tout le travail de contrôle sur vous.
La grande affaire médiatique de l’été est le déremboursement des médicaments dits « anti-Alzheimer » depuis le 1er août. Un collectif a porté plainte. Recherchez les « partenaires » de ces associations (pour celles qui ont le courage de les afficher, comme France Alzheimer, l’ANLLF, la Fédération des Centres de Mémoire, par exemple), et vous comprendrez l’origine de la plainte. Maintenant, il faut que le gouvernement tienne ses engagements et dirige l’argent ainsi économisé vers des actions utiles pour les patients et leurs familles. Difficile de s’en assurer.
On finit par des anecdotes. La CNAM prévoit d’envoyer un courrier pour expliquer que 135 000 ordonnances sur les 32 millions étudiées sur 3 mois, contiennent des associations de médicaments dangereuses. Si elle le dit. Cela ne fait jamais que 1 ordonnance sur 250, ce qui veut dire que 249 sur 250 ne sont pas dangereuses. On devrait plutôt nous féliciter ! Moins drôle, la CPAM 34 exige des médecins d’inscrire (pas encore à la main, mais ça ne devrait pas tarder) que les passages d’infirmiers nuit, dimanches et jours fériés, sont « rigoureusement indispensables ». C’est vrai, tout le monde sait que les infirmiers s’amusent à passer à 6 heures le matin ou 22 heures le soir juste par plaisir. C’est déjà assez énervant de devoir spécifier que le patient a besoin de son insuline aussi le dimanche, jusqu’où devrons-nous aller dans la justfication de nos actes/prescriptions ?!
Et dernière initiative locale pour repeupler les campagnes de médecins : le Conseil Général de Saône et Loire a recruté 20 généralistes (sur 30 estimés nécessaires), et les installe dans 3 pôles, avec 10 secrétaires par pôle. Soit plus que 1 secrétaire par médecin ! Coût de l’opération : 2 millions d’euros pour démarrer, le Conseil Général espère arriver à l’équilibre dans 3 ans. Combien de fois faudra t’il leur répéter que non, 25 euros par consultation ne permettent pas de payer 1 secrétaire par médecin ? Si tel était le cas, ils n’auraient sans doute pas ce problème de pénurie médicale à résoudre.