Michel Ceretti a quelques raisons d’en vouloir aux médecins. Il s’est lancé dans la politique médicale après un accident thérapeutique… Mais ça ne lui donne pas le droit d’écrire des inepties et de brandir la coercition comme arme anti-désertification médicale !
Oser ressortir les poncifs sur les études prétendument gratuites alors que les internes pendant les 3 ou 4 années de leur troisième cycle font fonctionner les hôpitaux pour moins de 7€ de l’heure avec des horaires incompatibles avec la sécurité de prise en charge des patients que Monsieur Ceretti est censé représenter. Que les choses soient clairement dites les internes remboursent largement leurs études pendant leur troisième cycle .
Monsieur Ceretti devrait se renseigner sur l’état de la démographie médicale libérale : la France entière est un désert médical. Paris a perdu 20% de ses généralistes en 10 ans, l’Ile-de-France est devenue une zone déficitaire. Brandir la coercition comme le font certains députés bas de plafond reviendrait à freiner l’installation en libéral des rares médecins inconscients que cela tente encore : même Marisol Touraine l’avait compris, c’est dire l’ampleur du désastre !!!
Il y a des solutions pour redonner envie aux médecins de tenter l’aventure libérale :
- La première commence par donner les moyens aux médecins d’accueillir correctement les patients et de travailler dans de bonnes conditions avec du personnel, des locaux corrects et de faire connaître l’exercice libéral aux étudiants lors de leurs études.
- La seconde consiste à inciter les étudiants à découvrir l’exercice libéral dans les zones éloignées de la faculté ou difficiles d’accès en les logeant en payant leur transport et en leur donnant une prime comme celà a été fait en Corse en Creuse ou dans les îles du Morbihan. Ils découvrent une médecine de premier recours qui est passionnante à exercer et ils s’installent !
Monsieur Ceretti devrait plutôt accuser les gouvernements successifs qui, depuis vingt ans, s’acharnent à détruire le tissu libéral, refusent de mettre les moyens pour sauver notre système de santé. Gouvernements qui sont fixés sur le déficit et demandent à l’hôpital d’être rentable et de rembourser sa dette de 23 milliards instaurant par là une concurrence délétère entre la ville et l’hôpital.
À la dernière grande messe des comptes de la sécurité sociale, toutes les têtes couronnées qui règnent sur les finances de notre système de santé se réjouissaient de la fin prochaine du déficit de la sécurité sociale… Tout le monde se réjouissait du remboursement annuel de 15 milliards de la Cades qui serait remboursée en 2024. Ils me faisaient penser à ces cancérologues des années 70 qui ne regardaient que la tumeur qu’ils traitaient et qui faisait que le malade mourrait, guéri de sa tumeur mais tué par la chimiothérapie ! À aucun moment ces têtes pensantes n’évoquaient l’état désastreux de la démographie libérale ni le délabrement moral et physique du personnel hospitalier.
Quand la FMF a proposé de mettre fin à la concurrence délétère entre la ville et l’hôpital pour réorganiser notre système de santé en effaçant la dette hospitalière de 23 milliards et de retarder le retour à l’équilibre de deux ans, nous n’avons reçu pour seules réponses que quelques sourires entendus : ces gens-là sont formatés comme ceux qui ont contribué à détruire le meilleur système de santé au monde.
Mettre 4 milliards immédiatement sur la médecine libérale pour créer au moins 50000 emplois et accueillir correctement les patients ne les effleure même pas. Ils préfèrent se pavaner au congrès de la Mutualité française, laisser dans l’opacité les 8 milliards de frais de gestion des mutuelles et assurances complémentaires et pérenniser les 3 milliards de cadeau fiscal pour les contrats dits responsables… Le Président Emmanuel Macron et sa Ministre de la Santé Agnes Buzyn ont calé leurs pas dans ceux de François Hollande et Marisol Touraine. Force est de constater que les gouvernements font en sorte d’encadrer les honoraires des médecins et autres professionnels de santé qui sont sans aucun rapport avec le coût de la pratique, pour permettre un moindre remboursement tout en autorisant une augmentation des cotisations !
Faire cesser la concurrence entre la ville et l’hôpital permettrait une réorganisation des soins.
Cesser les cadeaux fiscaux aux opaques complémentaires permettaient aux libéraux d’accueillir les 15 millions de patients qui n’ont rien à faire à l’hôpital.
Redonner à l’hôpital les moyens d’assurer sa mission d’hospitalisation en restant dans ses murs mais en instaurant une vraie communication entre la ville et l’hôpital.
Voilà la solution.
La FMF avait imaginé qu’Emmanuel Macron allait laisser une empreinte noble, celle d’un président qui remettrait le système de santé en marche pour le plus grand bénéfice des Français. Au lieu de cela, nous assistons à un spectacle navrant, à la chasse au médecin libéral, à un ministre de l’intérieur qui envisage de faire payer les médecins qui osent encore faire des visites à domicile, à un directeur de la Caisse Nationale d’Assurance Maladie qui harcèle sans discernement les médecins prescripteurs d’arrêts de travail ou de transports en ambulance ; ce même directeur poursuit les médecins qui osent coûter cher aux complémentaires avec des compléments d’honoraires jugés abusifs sans s’interroger un instant sur le coût réel de la pratique. Au lieu de cela, on veut faire croire au bon peuple que les prothèses dentaires seront remboursées intégralement sans mettre l’argent nécessaire sur la prévention et en laissant s’ouvrir des centres dits low-cost de sinistre mémoire.
Les français méritent une médecine de proximité de qualité. Les français méritent une hospitalisation performante .
Les solutions existent et visiblement le courage manque.