Chers amis,
Vous avez reçu votre ROSP (Rémunération sur Objectifs de Santé Publique) et avez quasiment tous été déçus, car le montant est bien inférieur à celui de l’an dernier. Sachez que cela provient des nouveaux indicateurs, plus difficiles à atteindre (certaines mauvaises langues pourraient exliquer que la ROSP sert à cela, tempérer les honoraires sans toucher à la valeur du Cs/GS), mais aussi de cotations parfois non prises en compte par les Caisses alors que l’acte a bien été effectué (cas de l’INR par exemple). Aussi n’hésitez pas à contester en demandant à votre CPAM la liste des patients pris en compte pour les indicateurs qui vous semblent ne pas correspondre à votre pratique, puis à leur opposer vos chiffres. Vous devriez recevoir courant du mois un courrier vous indiquant la somme globale prévue pour vous en 2018, incluant le forfait-structure payable en juin et la ROSP déjà versée. Si ce total est très inférieur à celui de la ROSP 2017, il sera intéressant de prendre le temps de contester. Pour 2019, des améliorations sont prévues, mais j’en profite pour rappeler que le principe de cette prime a été abandonné par le Royaume Uni après quelques années, car les études montraient qu’elle nuisait à la qualité des soins, les médecins se focalisant sur ces indicateurs. La FMF a toujours dénoncé les conflits d’intérêt induits par ce dispositif. Mais pragmatique, elle ne peut vous inciter à refuser la ROSP, source non négligeable de revenus.
Autre source de colère pour la FMF : le rapport du député Mesnier sur les soins non-programmés. Il préconise que les « gardes » en ville soient organisées par des Communautés Professionnelles Territoriales de Soins (CPTS) incluant les médecins, les para-médicaux et les EHPAD. Avec un cahier des charges bien précis qui définirait les horaires, le matériel, les conventions avec les radiologues et les laboratoires, le tout évidemment en total tiers-payant et avec retour au médecin traitant via une messagerie sécurisée. En soi, le projet est intéressant, et correspond au retour aux médecins libéraux d’actes qui leur sont destinés. Sauf que M. Mesnier oublie une chose : les CPTS ne sont pas subventionnées, et tout le travail pour monter puis entretenir de tels dispositifs, et obtenir les agréments des ARS, doit être entièrement bénévole. Lorsqu’on sait qu’un autre député a déclaré au sujet d’une organisation locale, « qu’on n’allait quand-même pas rémunérer les médecins pour des réunions le soir !« , on a idée de leur état d’esprit. Le rapport préconise également une régulation libérale 24H/24, ce qui est une bonne chose, mais par le 15 comme N° unique, ce qui ne fait pas l’unanimité au sein de la profession. Enfin, il envisage d’augmenter le ticket modérateur pour les patients arrivant aux urgences sans passer par le 15 ou leur médecin traitant. Les syndicats médicaux se sont unis pour écrire un communiqué commun rappelant l’énorme travail déjà accompli en ce domaine par les libéraux chaque jour dans leurs cabinets.
D’unanimité en revanche, il n’en est plus question lorsque le syndicat médical CSMF présente deux accords signés, l’un avec une complémentaire de santé (Institut de Prévoyance Klésia), l’autre via son syndicat de dermatologues, avec un groupement pharmaceutique (Pharmabest). Le premier consiste à payer une consultation de prévention à 125 euros, mais réservée évidemment aux salariés assurés par Klésia, et effectuées par des médecins s’étant formés exclusivement par l’organisme de FMC (Formation Médicale Continue) de la CSMF. Outre le conflit d’intérêt évident (pourquoi avoir besoin d’une formation, d’ailleurs, ne faisons-nous pas de prévention quotidiennement ?), cet accord pose plusieurs problèmes :
contournement du médecin traitant, pourtant le plus à même de faire cette consultation personnalisée,
instauration de réseaux de soins (envoi des assurés Klésia à certains médecins sélectionnés),
confusion des métiers, le but affiché de Klésia étant de réduire les accidents de travail et les maladies professionnelles, ce qui est le rôle du médecin du travail,
cerise sur le gâteau, les consultations devront se faire en tiers-payant obligatoire. L’histoire ne dit pas où iront les données ainsi recueillies …
Le deuxième accord entre le syndicat de dermatologues massivement affilié à la CSMF et les pharmaciens de Pharmabest, vise au dépistage du mélanome en pharmacie. A l’aide d’une procédure qui laisse songeur. C’est le patient qui devra déterminer les lésions qui lui paraissent suspectes, demander au pharmacien de les photographier et de les envoyer par réseau sécurisé à un dermatologue qui les interprêtera. Pour la petite somme de 28 euros pour la 1ère lésion, puis 14 euros les suivantes. Ca fait cher le diagnostic de lésions toutes plus anodines les unes que les autres, car nous savons que ce ne sont pas les plus inquiétantes qui alertent les patients. Et réduire l’acte du dermatologue à un oeil focalisé sur une lésion paraît insultant pour la profession. Et risqué.
A la FMF, nous pensons qu’il existe d’autres voies pour revaloriser la profession que se vendre aux complémentaires de santé ou aux groupements commerciaux.
Un autre accord risque de faire tousser certains médecins : celui signé entre l’Assurance Maladie et les syndicats de sages-femmes, portant leur consultation à 25 euros en 2019. Tarif symbolique, correspondant à un acte médical. On pourrait aussi applaudir, estimant qu’il s’agit d’une rémunération de base, et qu’un médecin, avec son corpus de dix années de connaissances et sa vision globale de la femme, devrait donc recevoir au moins moitié plus.
Quelques infos pratiques pour finir.
Il n’est plus obligatoire de demander un accord préalable pour instaurer la Rosuvastatine ou l’Ezétimibe.
Le renouvellement des ALD se fera automatiquement par le service médical de la Caisse pour les trois-quarts d’entre elles. Pour les autres, nous serons avertis par deux mois avant de la fin de validité. Pour une fois, la simplification existe vraiment.
Comme déjà expliqué, le règlement européen sur les données informatiques (RGPD) concerne au plus haut point les médecins. En attendant des précisions annoncées par le Conseil de l’Ordre, un confrère nous propose une affiche à personnaliser pour la salle d’attente.
L’avis de consultant APC est passé à 50 euros (62,5 pour l’APY des psychiatres) depuis le 1er juin.
Je vous souhaite une bonne semaine.