Nous avons déjà abordé l’intérêt de racheter des trimestres de retraite pour partir plus tôt en retraite à taux plein ou limiter les effets de la décote.
Mais nous n’avons pas abordé le coût réel de cette opération : est-ce rentable ?
Il faut bien différencier, au moins pour le régime de base, la rentabilité financière et extra-financière. Pour cette dernière c’est surtout la possibilité effectivement de partir plus tôt pour profiter de sa retraite, ou de pouvoir solder sa retraite à taux plein pour pouvoir faire du cumul emploi-retraite sans limitation. Ce qui induit aussi évidemment une rentabilité financière immédiate dans ce cas précis, puisqu’on peut alors toucher sa retraite (en continuant désormais aussi à cumuler des points de régime de base), et continuer à travailler en libéral : l’augmentation des revenus rentabilise dès la première année le rachat. Mais le coût réel est assez difficile à évaluer puisque le prix de rachat augmente avec l’âge qu’on a au moment du rachat, avec le fait qu’on rachète des trimestres avec ou sans points (donc sans valorisation directe de la pension de retraite), et avec le prix qu’on accorde au fait de pouvoir partir plus vite, qui n’est pas monnayable.
Mais on peut aussi lui appliquer le calcul qu’on peut faire pour le régime complémentaire. Pour ce dernier les choses sont beaucoup plus simple : le prix est fixe, et le bénéfice n’est que financier, puisque ça ne sert qu’à augmenter la pension finale.
Il faut toutefois différencier les rachats
- de trimestres de service national (1 par trimestre de service effectué, même partiel)
- de trimestres de grossesse (3 par grossesse)
- de trimestres pour éducation d’un enfant handicapé (1 par période de 3 ans)
- de trimestres non cotisés de début d’activité
- et d’achats de trimestres pour années d’activités incomplètes
Les cas 1,2 et 3 sont les plus rentables, puisqu’un trimestre ne coûte que 1655 € en 2024, mais rapporte en fait 1,33 trimestre, soit 100 € par an. A noter qu’on peut racheter des trimestres de grossesse même en dehors des périodes d’activité libérale (externat, internat, activité salariée) du moment que c’est pendant les périodes d’activité médicale.
Le cas 4 coûte aussi 1655 €, mais ne valide qu’un trimestre, soit 75 € par an.
Le cas 5 est nettement moins intéressant, puisqu’un trimestre coûte 2272 € pour 75 € annuels de gain.
Mais ce n’est pas le coût « réel ». En effet, ces (r)achats sont intégralement déductibles de BNC.
Le taux marginal d’imposition des médecins libéraux varie habituellement de 20 à 40% (le plus souvent 30%).
Pour 30% de taux marginal, une dépense de 1655 € entraîne une baisse d’impôts de 496 €. Et une baisse de cotisations URSSAF et CARMF de 25% sur cette somme, soit 414 €.
Donc en fait un trimestre ne coûte finalement que 1655-496-414 = 745 €
Dans les cas 1, 2 ou 3, il suffit donc de 7 ans ½ de retraite pour être gagnant ; 10 ans dans le cas 4 ; 13 ans ½ dans le cas 5.
Il est assez évident qu’il vaut mieux quand même le plus souvent racheter en fin de carrière, parce que le prix reste constant, mais que sans enfants on a souvent un taux marginal plus important qu’en début de carrière.
Je vous laisse faire le calcul pour les taux marginaux d’impôt de 20 ou 40 %, ou pour le régime de base.
A vos calculettes !