Point Hebdo FMF du 13-07-2014

dimanche  13 juillet 2014

CONGRES
DE LA FMF A  MARSEILLE LES 10 ET 11 OCTOBRE AU PALAIS DU
PHARO

Chers
amis,

Des
médecins m’ayant interpellée sur les 2 bonnes nouvelles de
mon dernier Point Hebdo, j’en ai déduit qu’elles
nécessitaient des commentaires, et je commencerai par là.

  • Sur
    le report
    d’un an pour le dépôt de dossier de travaux pour accès
    aux handicapés
    (attention, le décret n’est pas
    encore sorti), l’on m’a fait remarquer à juste titre, que
    ce ne devrait pas être une bonne nouvelle pour les
    médecins. Voici ma réponse, qui doit sans doute refléter
    la position de la plupart d’entre vous : « Bonjour, je ne sais pas dans quel sens
    prendre votre réflexion ? Vous voulez dire que
    reporter d’1 an ne changera pas grand chose au
    problème qui se reposera à l’identique dans 1 an ? Ou
    qu’un médecin doit se préoccuper de l’accès de son
    cabinet à tout public, et que le report est une
    insulte aux personnes handicapées ? Dans les 2 cas,
    vous avez raison de toute manière. Et votre remarque
    me fait dire que j’aurais dû développer.
    La vraie difficulté est que, comme
    d’habitude en France, on édicte les lois et des
    obligations sans réfléchir 1 seconde à leur
    faisabilité. En l’occurrence, les médecins libéraux se
    sont tellement paupérisés qu’ils leur est totalement
    impossible de débourser les énormes frais nécessaires
    à l’accès tout public. Les seuls endroits où il reste
    encore quelques médecins sont les centre-villes, où
    les travaux sont encore plus compliqués et coûteux
    qu’à la campagne. Alors que croyez-vous que vont faire
    ces médecins, qui ont en général plus de 60 ans ?
    S’endetter pour ces travaux ou partir en retraite
    ?  Evidemment qu’on aimerait avoir des cabinets
    spacieux et accueillants, bien aménagés, avec du
    personnel à l’accueil (indispensable pour les
    handicapés cognitifs ou psychiques par exemple). Mais
    rien n’est prévu pour cela. On aurait pu prévoir un
    bonus sur le Cs par exemple, ou un forfait-structure
    pour accompagner ces professionnels. Mais là, rien.
    Même le diagnostic, effectué par des sociétés qui,
    elles, n’ont pas nos scrupules et demandent un prix
    exorbitant, est obligatoire et à notre charge ! On
    aurait pu aussi favoriser une mutualisation des
    cabinets accessibles : les professionnels d’une ville
    s’organisent pour aller consulter à tour de rôle dans
    un cabinet aménagé, et chacun participe à son
    entretien, mais à condition de pouvoir facturer V+MD.
    Des solutions sont possibles lorsque tout le monde y
    met de la bonne volonté. Mais hélas, ça n’est pas le
    cas, les tutelles ne nous parlent que contraintes et
    obligations.
    Total, alors
    qu’on est parti d’une intention louable, et qui a
    forcément l’agrément de tous, on va se retrouver dans
    une situation pire qu’avant : au lieu d’avoir des
    médecins accessibles et d’autres non, on va finir par
    n’avoir plus de médecins du tout. Est-ce un bien pour
    la population ? Mais vous avez raison, 1 an de plus ou
    de moins ne changera pas grand chose… »
  • Et
    sur les 5 euros de majoration
    pour les actes auprès des patients > 80 ans
    ,
    j’ai omis de rappeler qu’ils n’avaient été obtenus dans
    l’avenant 8, qu’au
    prix d’une baisse tarifaire de nombreux actes de
    radiologie
    . Or il n’y a pas que les radiologues à
    souffrir de cette décote. Certaines spécialités, comme la
    gynécologie médicale ou la rhumatologie, déjà en bas de
    l’échelle des revenus, ont vu également leurs revenus bien
    amputés par cette mesure. Donc non, ce n’est pas une bonne
    nouvelle non plus pour la profession.

 

Je
vais essayer cependant de rester optimiste en vous
rapportant les 2 réunions qui ont eu lieu le 09 juillet.

  • La
    première portait sur l’exercice
    interprofessionnel
    . C’est-à-dire entre les
    généralistes et les para-médicaux. Vous verrez sur le diaporama
    de M. Van Roeckeghem clairement écrit qu’on devait « favoriser
    l’ambulatoire »
    . Ce que la FMF ne cesse de
    déclamer sur tous les tons. L’autre motif de satisfaction
    est qu’une rémunération
    de coordination
    serait versée à tout
    professionnel de santé engagé dans la coordination des
    soins, et pas seulement réservée aux Maisons ou Pôles de
    Santé officiellement reconnus. La FMF reste malgré tout
    inquiète, comme l‘exprime
    notre président Jean-Paul Hamon, car jusqu’à présent aucun
    budget n’est proposé, et il est bien spécifié que la
    rémunération se ferait « dans le respect de l’ONDAM »
    (Objectif National des Dépenses de l’Assurance Maladie),
    donc sans marge de manoeuvre. Comme toujours, les tutelles
    voient les économies qu’elles pourraient réaliser en
    supprimant des journées d’hospitalisation, mais ne voient
    pas le travail supplémentaire demandé de ce fait aux
    libéraux. Gérer un patient âgé polypathologique juste
    après une intervention n’a rien à voir avec une
    consultation après séjour prolongé à l’hôpital suivi d’une
    rééducation en centre spécialisé.
  • La
    deuxième réunion a eu lieu au Ministère, et visait à
    présenter la future
    loi de santé
    de MariSol Touraine. Je vous avais
    parlé de son discours de présentation, voici maintenant
    quelques précisions. Les points intéressant les médecins
    libéraux sont  : 1) les ARS auront le pouvoir de décliner
    sur un territoire des actions de coopération
    interprofessionnelle
    sans forcément copier sur un
    modèle national. Mais ne pourront pas agir sur les
    rémunérations. 2) il y aura 2
    N° d’appel nationaux d’urgence
    : le 15 pour les
    urgences graves, et un autre pour les soins non programmés
    aux horaires de la Permanence Des Soins (PDS). La FMF a
    milité pour cela, afin que la régulation de la PDS
    ambulatoire ne soit pas aux mains des hospitaliers du
    SAMU. Personnellement, je pense qu’il est plus simple pour
    les patients de ne retenir qu’1 seul N°, et plus sûr pour
    un régulateur libéral de ne pas risquer de recevoir
    d’appels vitaux de la part de patients qui n’auraient pas
    su discerner la gravité de leur situation. 3) les parents
    devront choisir un médecin
    traitant pour leurs enfants
    . C’est une demande
    forte du syndicat MG-France. Mais il n’est prévu ni
    rémunération médecin traitant pour les enfants, ni accès
    privilégié au médecin traitant en 1er recours. Cela
    restera donc une simple formalité, sans aucune
    conséquence. Pourquoi alors se compliquer l’existence avec
    encore des formulaires supplémentaires. Et comment choisir
    un médecin dans le cas de parents divorcés ? 4) il est
    prévu d’instaurer des « plate-formes
    territoriales d’appui pour les parcours complexes »
    .
    Leur rôle serait d’organiser les prises en charge et
    d’orienter les patients complexes entre les différents
    intervenants. En quelque sorte, le concept de « réseau »
    généralisé. Il faut voir comment ce sera organisé. 5)
    enfin, apparaît la notion de « Service
    Territorial de Santé au Public »
    (STSP). Le
    principe est de définir des territoires, sur lesquels
    seront organisés essentiellement les soins de proximité,
    la PDS, la prévention, la santé mentale, et l’accès
    handicapés. Plutôt une bonne idée à priori, cela permettra
    de personnaliser les diktats venus de Paris. Mais sa mise
    en application me laisse dubitative : comment définir un
    territoire uniforme pour tous les thèmes ? Quelles seront
    les obligations pour les médecins  libéraux ? Y aura
    t’il des contrats à signer ? Et qui les signera ? Les
    médecins individuellement, les URPS ? Apparemment l’accent
    est surtout mis sur les établissements hospitaliers qui
    devront élaborer des projets cohérents entre eux sur un
    même territoire. Ca, c’est une bonne chose, mais la place
    des établissements privés reste à déterminer dans ce
    schéma. A suivre …


Voilà, ce paragraphe était un peu long à lire, mais tous les
enjeux pour les libéraux dans la future loi de santé sont
résumés ici. Et ce sont sur ces thèmes que vont porter les
négociations.
Maintenant, on est bien d’accord : on est très loin du grand soir
de la médecine libérale, et du « plan Marshall » réclamé
depuis 3 ans par la FMF, absolument nécessaire pour
préserver la médecine de proximité, personnalisée, que
sont en droit de réclamer les patients.
En
lisant cela, on se dit hélas, que la désertification médicale
va continuer

inexorablement …

  • Une
    perle pour finir.
    Elle nous
    vient de l’ineffable
    Catherine Lemorton
    , responsable des affaires
    sociales à l’Assemblée Nationale (et non sénatrice
    comme je l’avais écrit la dernière fois), et qui a
    sans doute décidé de se racheter de ses insultes en
    nous faisant rire. Lors de l’audition de Jean
    Debeaupuis, Directeur de la DGOS, qui expliquait que
    la garde de ville en nuit profonde s’avérait peu
    pertinente car on comptait en moyenne 1 acte par nuit,
    elle ose lui rétorquer en le regardant droit dans les
    yeux que ça n’a pas de sens, car « tous les
    mathématiciens vous le diront, 1 ne peut pas être une
    moyenne. » Tous les autres chiffres, oui, mais 1, non,
    Mme Lemorton décrète que ce ne peut pas être une
    moyenne. J’aurais bien aimé savoir ce qu’a pensé le
    polytechnicien M. Debeaupuis en entendant cet argument
    magistral. La même chose que vous sans doute …


Je
vous souhaite néanmoins un très bon week-end prolongé, et pour
certains de bonnes vacances.

N’oubliez pas votre cotisation
FMF pour 2014
, et de vous libérer pour venir à Marseille

les 10 et 11 octobre

(Inscription
à la Convention de la FMF de Marseille
).