Point-Hebdo FMF du 10-12-2016

Chers amis,

Pour une fois, je commencerai par l’info pratique, car j’ai beaucoup de questionnements sur la déclaration du médecin traitant de l’enfant. Vous avez remarqué l’apparition de cet item sur votre Espace Pro. Effectivement, la Loi de MariSol Touraine a instauré le principe du médecin traitant (MT) pour les enfants, et la nouvelle Convention en a fixé les tarifs : forfait de 6 euros annuels pour les MT des 0-6 ans, et 5 euros après 6 ans. Cette rémunération prendra effet le 1er janvier 2018, sur les patientèles enregistrées au 31/12/2017. Vous pouvez donc déclarer dès maintenant, en expliquant bien aux parents que de toute façon, ils ne seront pas pénalisés s’ils ne font pas respecter le parcours de soin à leurs bambins. Tous les médecins sont éligibles, mais évidemment, en pratique, cette formalité ne concerne que les pédiatres et les généralistes. Ces deux spécialités sont également en cours de négociations, sur l’instauration d’une ROSP (Rémunération sur Objectifs de Santé Publique) pédiatrique. Mais les montants annoncés sont très loin du minimum nécessaire à revaloriser la spécialité sinistrée qu’est la pédiatrie, ce qui amène notre président de la branche spécialiste FMF Benoît Feger, à poser la question d’une véritable volonté politique de conserver des pédiatres libéraux. Prochaine réunion avec la Caisse prévue le 15 décembre.

Autre concrétisation de négociations en cours depuis plusieurs mois : la parution d’un arrêté sur les régimes complémentaire et ASV de notre retraite. Désormais, il est acté que prolonger son activité avant de prendre sa retraite, sera bonifié de 1,25% par trimestre supplémentaire au-delà de l’âge légal de liquidation (de la retraite, pas du médecin), aujourd’hui fixé à 65 ans. Notre ami Olivier Petit, vice-président de la CARMF, qui a beaucoup oeuvré pour obtenir un accord intersyndical, s’en réjouit.

Un décret mérite également d’être souligné : celui permettant aux ophtalmologues de se faire aider au cabinet par des orthoptistes. Pour une fois, cette délégation de tâches a du sens. Elle se fait sur la prescription du médecin, qui garde la responsabilité de l’acte, vers le professionnel naturellement assistant, au sein du cabinet médical. Après, il faudra rester vigilant, pour que la rémunération suive si le médecin ne conserve que les actes complexes, pour lesquels il a été formé.

Hélas, cette délégation de tâches ne se conçoit pas toujours dans ce cadre. Témoin une Conférence de Santé qui s’est tenue dans les Pyrénées Atlantiques, sur la chirurgie ambulatoire. C’était une belle Conférence, avec pléthore de participants. Il y manquait juste deux acteurs, manifestement négligeables : les chirurgiens et les médecins traitants. Les institutionnels verraient bien la médecine sans les médecins, les sages-femmes également, qui revendiquent d’être « le 1er recours médical de la femme en bonne santé ». Apparemment, leurs quelques années d’études sur la sphère génitale leur donnent les compétences pour assurer la prise en charge des femmes hypercholestérolémiques, l’éducation thérapeutique des diabétiques, ou établir un certificat de non-contre-indication au sport. A moins qu’elles ne résument la santé de la femme à un utérus, 2 seins et 2 ovaires … C’est vraiment dommage de se placer en opposition, alors que nous pourrions être tellement complémentaires, avec des sages-femmes en cabinets de gynécologues, à l’instar du dispositif ophtalmo/orthoptistes ci-dessus.

Une fois de plus, des députés ont déposé un amendement, limitant le conventionnement des médecins en zones sur-denses. Amendement rejeté en vote plénier, comme toujours. Si j’en parle ici, c’est parce que notre chère Ministre MariSol Touraine s’est opposée à cet amendement, en déclarant que « les médecins ne sont pas le problème, ils sont la solution » ! C’est assez rare pour être souligné ; petite lueur de lucidité en fin de mandat ?

Et bien-sûr, les CPAM ne sont pas en reste pour tenter de nous asservir. La Caisse de Valenciennes par exemple, a lancé son offensive. Elle envoie des SMS aux patients, les incitant à demander à leur médecin d’établir les arrêts de travail en ligne, pour qu’ils soient plus rapidement payés. Ou adresse aux généralistes la liste des termes précis à utiliser pour les prescriptions de soins infirmiers, sous peine d’en voir le remboursement refusé. Et, cerise sur le gâteau, un confrère a reçu un appel d’une employée CPAM, lui demandant de passer tel jour voir Mme Machin, en sortie d’hôpital « pour établir diverses ordonnances ». Voilà où on en est rendu : le médecin aux ordres d’une employée-sécu pour faire des actes administratifs !

Bon, allez, un petit sourire pour finir. Le CISS (collectifs d’usagers de soins) a déclaré officiellement être pour l’extension des obligations vaccinales, « sauf pour les patients qui le refuseraient ». C’est obligatoire, sauf pour ceux qui le veulent pas. Mais comme dirait Coluche, « riez pas, c’est avec votre pognon qu’ils sont payés« .

Je vous souhaite une belle semaine

Mise en ligne MN