PGarde dans la Manche : la fausse bonne idée de simplification

La révolution PGarde est en route dans de nombreux départements. Pgarde, qu’est-ce que c’est ? Normalement la simplification des paiements des astreintes de gardes pour les effecteurs de la PDSA et les régulateurs libéraux. Du moins, c’est ainsi qu’on nous le présente. Le slogan c’est Par une procédure très simple (un simple clic à partir de leur smartphone ou de leur poste de travail), PGARDE assure aux médecins le paiement de leurs indemnités de garde au plus tard 5 jours ouvrés après leur demande Dans ce slogan, le mot important c’est « demande » ! Dans les faits, au moins dans la Manche, la procédure est tout de même un brin complexe : -# Etablissement de la liste de garde -# Transmission aux CDOM -# Intégration dans le logiciel Ordigard -# Validation par le SAMU -# Revalidation par le SAMU une fois la garde effectuée -# Transmission à l’ARS -# Validation par l’ARS -# Transmission à la CPAM -# Envoi d’un message au médecin pour qu’il aille valider sa demande de paiement sur le site https://www.pgarde.net (donc il faut au préalable avoir créé son compte, encore un !) -# Validation par le médecin Et là effectivement le paiement arrive sur le compte du médecin en 5 jours. Le cheminement résumé en image Inutile de vous dire que pendant les vacances, les délais s’allongent … s’allongent. Et sur le plan du coût, on a rajouté le logiciel Ordigard, le logiciel Pgarde, le matériel informatique, le site https://www.pgarde.net, la conception, la maintenance, la formation des personnels, le salaire des personnels. Je suis personnellement prêt à parier que le coût par astreinte dépasse allègrement le coût de l’astreinte elle-même. Nous sommes en plein dans la fable du rameur chère à Dominique Dupagne. Il y avait pourtant moyen de faire plus simple, plus court, plus efficace : les gardes étant régulées, le médecin effecteur facture en garde des majorations régulées de dimanche ou de nuit (CRD, CRN, VRD, VRN) La CPAM est parfaitement capable de repérer ces majorations dans les flux de factures. De là, il suffisait de déclencher le paiement de l’astreinte correspondant dès la réception d’une majoration (en limitant évidemment à une par samedi, dimanche, férié ou nuit) Mais c’était forcément trop simple, trop facile, pas assez cher, et surtout sans aucun contrôle des ARS sur les médecins.