J’ai fait partie de la délégation FMF

Chers adhérents,

J’ai eu la chance de faire partie de la délégation FMF aux séances de négociations conventionnelles à la CNAM à deux reprises, le 16/03 et le 25/05, pour assister aux réunions sur les thèmes de la démographie médicale et de la protection sociale ; thèmes pour lesquels les syndicats de jeunes médecins (ANEMF, ISNI, ISNAR, ISNCCA, SNJMG, REAJGIR) avaient été conviés en tant qu’observateurs.

La première séance avait été l’occasion d’un tour de table où tous les syndicats avaient pu exprimer leurs commentaires et critiques sur les dispositifs actuellement en place, ainsi que leurs revendications sur ces deux thèmes.

J’avais été extrêmement surprise par les revendications des syndicats de jeunes, qui n’avaient de cesse de réclamer des rémunérations forfaitaires : forfaits d’aides à l’installation, amélioration de la ROSP, etc… Ils demandent également une amélioration de la protection sociale, ce avec quoi les syndicats « senior » sont à peu près globalement d’accord.

Lors de la deuxième séance, Mr Revel, Directeur de la CNAM, nous a présenté ses propositions pour améliorer la démographie médicale :

  • Aide forfaitaire de 50 000 euros versée en 2 fois aux médecins s’installant en exercice regroupé, en zone sous-dense (zonage défini par ARS sur critères définis par décret) :
  • 25 000 € versé au moment de l’installation du médecin
  • 25 000 € versé l’année suivante, avec possibilité de majoration : réalisation de vacations au sein des hôpitaux de proximité.
  • Contrat de transition (durée de 3 ans) : majoration des revenus pour les médecins accueillant en tant qu’associé un médecin nouvel installé dans une zone fragile,
  • Valorisation des maitres de stage, Assouplissement des modalités de l’Option Santé Solidarité Territoriale.

Les interventions de la délégation FMF, par la voix de Jean Paul Hamon, de Claude Bronner, de Corinne Bildstein, puis la mienne sont toutes allées dans le même sens : Pourquoi ne pas revaloriser les actes au lieu d’instaurer des aides forfaitaires ? Quelles seront les contreparties à ces aides ?

Mr Revel a semblé irrité de mon intervention, car il a jugé qu’elle n’était pas conforme à l’ordre du jour. Il m’a semblé au contraire être tout à fait dans le sujet : il fallait absolument expliquer aux jeunes générations pourquoi nous défendons une revalorisation des actes, et pourquoi nous ne voulons pas dépendre directement des caisses pour notre rémunération. Il fallait aussi leur dire que le mépris, ça suffit, car il est quotidien, et insupportable. Tous ces jeunes, en majorité encore hospitaliers, ne semblent pas encore s’en rendre compte.

Outre cela, ce n’est pas tous les jours qu’on a la chance de pouvoir s’exprimer en face du Directeur Général de la CNAM. J’espère avoir exprimé clairement ce que je ressens et j’espère surtout avoir porté dignement la voix de tous nos confrères.

Amicalement,

Dr Florence Zemour

Vous trouverez ci-dessous mon intervention.

« Je reviens ici après la séance du 16/03, en tant que jeune Médecin Généraliste, installée depuis 6 ans.
A propos de la démographie médicale, je m’interroge sur vos intentions concernant l’avenir de la médecine libérale. En effet quand on lit vos propositions (que j’ai lues rapidement sur un diaporama reçu moins de 24h avant la séance, mais dont heureusement j’ai pu lire les détails dans Le Monde dés ce matin), on comprend mal :


  • Pourquoi s’entêter à proposer des forfaits à l’installation quand on vous répète sans cesse que les freins à l’installation ne sont pas financiers ? Pourquoi ne pas tenir compte des raisons plus globales des freins à l’installation ? Comme le coût de l’immobilier et des loyers dans les grandes villes, et pour les zones rurales et en banlieues, le désengagement de l’Etat et l’irresponsabilité des politiques qui n’ont pas fait les réformes nécessaires, nous laissant un héritage que ni vous, ni nous, ne pouvons gérer.
  • Pourquoi proposer des majorations optionnelles subordonnées à l’activité à l’hôpital ? Le problème n’est il pas que l’on manque de médecins ayant une activité libérale ?
  • Qu’en est-il des médecins déjà installés, que leur proposez-vous pour améliorer leurs conditions de travail, toutes zones confondues, et pour qu’ils ne finissent pas par dévisser leur plaque ?

Parce que le fond du problème est là : c’est l’attractivité globale de notre métier qui est en jeu et dont dépend la démographie médicale.
Nous sommes malmenés et humiliés quotidiennement dans nos rapports avec les caisses, nos actes quotidiens, complexes, variés ne sont pas valorisés. Nous effectuons des actes qui ne correspondent pas à notre réalité, nous subissons des injonctions permanentes de prescription, des accusations de délit statistique, nous devons rembourser des indus comme si nous étions des voleurs…
Que penser des cotations modifiées par arrêté ministériel, comme celui concernant l’IVG, sous le sacro-saint prétexte de l’accès aux soins, qui sont sournoisement détournés pour diminuer notre rémunération, et dont la caisse oublie malencontreusement de nous informer ! Un « déclic » c’est pourtant si simple ! Et j’ai appris ce matin que cette situation s’est débloquée suite à une réunion ministérielle avec l’ANCIC, (association nationale des centres d’ivg et de contraception)…
Mais pourquoi n’en discute t’on pas ici ? Qu’est ce qui doit être négocié ici, avec nous, si ca n’est pas la valeur des actes et la pertinence de leur cotation ?
Je vous vois vous impatienter Mr Revel, vous allez me dire que je sors du sujet, que je discute de ce qui n’est pas conventionnel….
Mais c’est tout le sujet Monsieur ! La démographie, c’est l’attractivité. Et tant qu’il n’y aura que du mépris envers les médecins, au quotidien, mais également dans votre façon de mener ces négociations, qui portent bien mal leur nom, tant qu’il n’y aura pas de revalorisation de nos honoraires, et tant qu’il n’y aura pas de relations saines avec votre administration, il n’y a aura pas d’attractivité et il n’y aura pas de solution au problème de la démographie médicale dans ce pays.
Si vous ne pouvez pas comprendre cela, je ne vois pas où pourront nous mener ces discussions. »